Ça vous dirait pas ? Un Février Sec au lieu du Dry January ?
La dernière chronique de Gérard Cabon
Gérard Cabon, personnage bien connu à Brest, ancien ouvrier de l’arsenal, est l'auteur d'un best-seller : Y'a skiff. Abécédaire du parler de l'arsenal et d'un deuxième titre, Y'a skiff. Deuxième couche, tous deux parus chez Dialogues. Gérard, que je connais de longue date, m’a transmis ce texte que je reproduis ici avec plaisir et avec son aimable autorisation.
Ce texte est la dernière des chroniques qu'il assurait depuis trois ans dans l'émission Kaléidoscope sur Radio Neptune à Brest. Elle est déjà enregistrée et devrait être diffusée d'ici la fin de la semaine.
À lire d’une traite !
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Gérard et les vignerons en colère by Nono. Colorisation du ciel : FB.
Nos voisins d’outre-Manche ont parfois de drôles d’idées. Ils s’obstinent à rouler à gauche, ce qui oblige les constructeurs à construire des modèles spéciaux augmentant inévitablement les coûts pour tout le monde ! Ils quittent une Europe dont ils étaient pourtant l’un des plus gros bénéficiaires. Pire encore : ils inventent le dry January et ils arrivent à le faire passer en France !
Parlons-en de ce dry January.
En tant qu’adepte du Février sec depuis maintenant plus de trente ans, je peux vous dire qu’il n’est pas très malin de choisir janvier pour vérifier notre dépendance à l’alcool.
- Si vous choisissez janvier, vous vous embarquez pour 31 jours alors que février, dans le pire des cas, ne dépasse pas les 29 !
- Si vous choisissez janvier, j’espère que vous n’avez pas de famille ou d’amis de qualité avec qui vous avez plaisir à terminer l’année et entamer la suivante. En ce cas, pas de problème.
- Moi des amis, de la famille, j’en ai. Aussi, début janvier, je me retrouve toujours avec des bouteilles entamées que j’aurai grand-peine à verser dans l’évier.
- Alors, nous les terminons, nous liquidons les stocks, « les chutes » dirait-on à l’Arsenal !
Si vous choisissez janvier et que vous n’êtes pas asocial, vous n’éviterez pas les célébrations de vœux, dans votre quartier, votre immeuble, vos associations… Ce sont de bons moments de convivialité, incontournables et arrosables… Après les vœux, voici les rois qui se pointent et l’on peut passer la dernière couche avant la traversée du Sahel !
- Aujourd’hui, 24 février, j’en suis donc à mon trentième Février sec et non dry February. Parlons français, que diable !
- Le cru 2025 n’est pas sans occasion, puisque le 2 c’est l’anniversaire de mon épouse préférée, puis, le 5, la majorité d’Alice, ma petite fille.
- Il y a eu du champagne, bien sûr, mais pas grave, je n’en suis pas adepte.
Mon goût des bons produits non laitiers
Si je remonte le temps, j’imagine les concepteurs des enfants de février profitant du mois de juillet sous la tente où même sur une plage déserte pour pratiquer l’œuvre de chair ! Moi, étant du 21 septembre, je fus conçu en pleine période de réveillon. Peut-être est-ce une raison pour comprendre mon goût des bons produits non laitiers…
En février, comme toute l’année, il y a les vendredis incontournables. Je retrouve mes potes, mes amis de toujours, autour d’une bonne table avec à la clef quelques boujarons, souvent des CDR (Côtes du Rhône) qu’il me faut regarder passer, tout en les payant quand même évidemment !
En février, le problème le plus compliqué est de trouver les produits de remplacement. Vous me direz l’eau, la flotte, qui, certes, désaltère, mais n’émoustille aucunement mes papilles.
- J’essaie les bières sans alcool, ce qui me vaut d’entendre dire « Ici, c’est pas une pharmacie » dans deux bars brestois que je ne dénoncerai pas.
- Bien que ces bières s’améliorent, on ne peut pas dire qu’elles donnent un plaisir gustatif, tout au plus, elles « cassent la soif » !
Mais en février, il est de tradition de déguster des huîtres. Comment faire ?
En février, c’est à l’heure du fromage, des huîtres ou des fruits de mer que ça se complique. Que voulez-vous, un Livarot, un calendos, un Roquefort sans un coup de rouge présentent peu d’intérêt, voire même pas du tout. La consommation de fromage en février descend vertigineusement. Elle remontera immédiatement le 1er mars !
Encore pire. Il est de tradition, voire même d’obligation, de déguster des huîtres tous les mois en R de l’année. Et février en fait partie. Pour ce faire, le dimanche, je vais au marché Saint-Louis acheter mes huîtres. Respectant un rituel, un message codé à l’ami Jean-Charles lui signifie que je suis « sur zone. » Et il me répond « suis au local » ! Là, nous éclusons un p’tit verre et le cœur plus léger arrivons à la carrée sans nous presser !
Je continue à manger huîtres, crabes, poissons à la flotte et c’est indéniablement moins plaisant. Pour me faire encore plus mal (un restant de ma culture judéo-chrétienne peut-être), je débouche une bonne bouteille de blanc, en général de Bourgogne ou d’Alsace, pour ceux qui sont autour de la table et, moi, je regarde sans tirer la langue !
Pour Gégé, c’est une sans alcool
En février 2025, voici que le Stade brestois entre dans la cour des grands. Pour suivre sa campagne européenne, je me retrouve à regarder les matchs à la Fabrik, aux Capucins, avec amis ou fils et petit-fils…
Quand les pompes à bière chauffent à blanc, pour Gégé c’est une sans alcool. Pas de publicité, la seule présente en ce lieu, c’est une Despérados. Alors là, les amis, dans le domaine de la dégueulasserie, le record est difficilement dépassable. La Despé sans alcool, passez votre chemin ! Faute de mieux, voyant un Tropico devant moi, je me suis dit, pourquoi pas ! Thomas, mon petit-fils, a cru bon d’immortaliser son grand-père : ça fera un collector !
Le chemin du Février sec est rempli d’embûches. Il reste encore 4 jours et un vendredi pour terminer cette trentième traversée du Sahel avec la satisfaction du devoir bien fait et… le regret de ne jamais avoir été invité à souffler dans le ballon ! Que fait la police !
Amateurs du dry January, réfléchissez un peu
Pour terminer cette chronique, je présente par la voie des ondes mes excuses à l’ami Fanch Broudic pour l’avoir laissé déboucher un magnum de Minervois de son ami producteur sans même y tremper mes lèvres.
- Dans 4 jours, la vie normale reprendra son cours…
- Et vous, amateurs du dry January, si vous réfléchissez un peu, vous passerez au février sec en 2026 !
Finissons en musique : c’est mon apport culturel ! Rostropovitch nous disait :
- « là où finissent les mots commencent la musique et les vins de Bourgogne ».
Écoutons Mozart, dans l’Enlèvement au sérail…
- Vive Bacchus, le grand Bacchus, Bacchus le vin inventa.
- Vive Bacchus, le grand Bacchus !
- On aime les filles, les blondes, les brunes, on les aime toutes !
Gérard sait où trouver du raisin à cueillir en septembre dans le Finistère. Photo : FB
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