Langue bretonne : une baisse conséquente du taux et du nombre de locuteurs
Les résultats du nouveau sondage effectué sur la pratique du breton et du gallo à la fin de l’année 2024 par l’institut TMO, six ans après le précédent, ont fait l'objet d'une présentartion ce lundi 21 janvier à l'Hôtel de région, en présence de Paul Molac, député du Morbihan et conseiller régional, président de Office public de la langue bretonne, et de Kaourantine Hulaud, conseillère régionale (photo ci-dessous).
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On observe une très forte baisse du taux comme du nombre de bretonnants, en Basse-Bretagne surtout. Alors que 12,5 % des personnes interrogées déclaraient parler très bien ou assez bien le breton en 2018, le taux de ceux qui le font en 2024 n’est plus que de 5,5 %, soit une baisse de 7 points.
Du coup, l’estimation moyenne du nombre de locuteurs dans la zone traditionnelle de pratique de la langue ne s’élève plus qu’à 81 000 personnes, à comparer avec les 177 000 qui avaient été dénombrées en 2018. Cela représente une diminution de 54 % et de 96 000 locuteurs par rapport à 2018.
En réalité, c’est par rapport au sondage de 2007 qu’il faudrait établir la comparaison, puisque 13 % des personnes interrogées cette année-là se disaient bretonnantes, soit une population de 172 000 locuteurs. Il y avait pour la première fois cette année-là moins de 200 000 bretonnants en Basse-Bretagne.
Le sondage 2024 est le cinquième réalisé depuis 1990 par l’institut TMO sur la pratique sociale du breton. Le tableau qui suit présente une synthèse sur le taux et le nombre de locuteurs observés lors de chaque enquête en Basse-Bretagne parmi les personnes interrogées âgées de 15 ans et plus.
Année |
Taux de locuteurs |
Nbre de locuteurs estimé |
Évolution (en nbre de points) |
Population |
1990 |
21 % |
250 000 |
- 4 |
1 200 000 |
1997 |
20 % |
240 000 |
- 7 |
1 230 000 |
2007 |
13 % |
172 000 |
- 30 |
1 295 000 |
2018 |
12,5 % |
177 000 |
- 0,5 |
|
2024 |
5,5 % |
81 000 |
- 54 |
1 473 000 |
En 2018, comme en 1997, on avait observé une quasi-stabilité. En 2024, comme en 2007, on constate une très forte chute.
C’est de notoriété : il y a beaucoup moins de bretonnants en Haute-Bretagne. On en dénombrait 27 000 il y a six ans, il n’y en a que 23 000 en 2024, correspondant à un taux de 0,9 %. Le différentiel est de -15 % d’un sondage à l’autre.
L’intérêt des deux derniers sondages, réalisés auprès d’un vaste échantillon (j’y reviendrai) sur l’ensemble des cinq départements de la Bretagne historique, c’est qu’il est possible d’établir une cartographie fine des usages de langues à différents niveaux de territoire.
Carte 1 : les taux de locuteurs de breton en Basse et en Haute-Bretagne
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La Basse-Bretagne reste la zone traditionnelle de pratique du breton. Les locuteurs de Haute-Bretagne représentent cependant environ 22 % du total des bretonnants.
Carte 2 : les taux de locuteurs selon les départements
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Le Finistère reste le département où le taux de bretonnants est le plus élevé. Les taux dans les départements des Côtes-d’Armor et du Morbihan sont relativement proches. Ils sont tous deux traversés dans le sens nord-sud par la limite linguistique. Ceux d’Ille-et-Vilaine et de Loire-Atlantique ont des taux de locuteurs variant de 1,3 à moins de 1 %.
Carte 3 : les taux de locuteurs selon les pays
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Les taux les plus élevés, égaux ou supérieurs à 6 %, s’observent sur une diagonale sud-nord, s’étirant de la Cornouaille aux pays de Morlaix, Trégor et Guingamp, via le Centre-Ouest Bretagne autour de Carhaix. En Basse-Bretagne, les pays de Brest, Lorient, Pontivy et même Vannes, avec des villes importantes, ont des taux plus faibles, variant de 3 à 5 %. En Haute-Bretagne, les pays de Ploërmel, Brocéliande et Vallons de Vilaine atteignent aussi le taux de 3 %. Par contre, les pays constitués autour des métropoles de Rennes et de Nantes n’affichent qu’un taux de 1 %.
À suivre…