La Révolution : Le breton devient langue de la politique
Ce texte fait suite à celui déjà mis en ligne sur ce blog sur la Révolution française et les idiomes. Il est extrait de ma thèse sur La pratique du breton de l’Ancien Régime à nos jours [1]. Il est également destiné aux candidats qui préparent l’agrégation « langues de France », mais devrait intéresser aussi tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Bretagne et aux usages de langues dans notre région.
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Pour la plupart des défenseurs de la langue bretonne, la Révolution française est coupable, et sa culpabilité est double : celle d'avoir mis le breton au rang des parlers que le français, promu comme langue nationale, devrait éliminer ; celle d'avoir fondé la politique de répression que les pouvoirs qui se sont succédé jusqu'à nos jours n'ont pas cessé d'exercer contre elle.
Les responsables aussi sont au nombre de deux : Barère, accusé pour sa fameuse diatribe « le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton », et l'abbé Grégoire, condamné pour son « Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois [2] ». J. Gwegen fait le commentaire suivant en 1975 : « de cette époque date la lutte acharnée engagée par l'Etat français contre les langues minoritaires. L'élan épurateur déclenché fut tel qu'il subsiste encore intact de nos jours, chez tous ceux qui s'imaginent tenir en leurs mains le flambeau unificateur des grands ancêtres révolutionnaires [3] ». En 1980, F. Morvannou remontant à « la source du discours colonial » estime que « la politique linguistique (a été) mise au point lors de la Révolution française [4] ». Dans le manuel d'histoire de la Bretagne de « Skol Vreizh », Alain Pennec, ayant constaté que « depuis 1790, la Bretagne n'existe plus officiellement », n'hésite pas à affirmer que la politique suivie par « la république et les régimes centralisés qui lui ont succédé (…) aboutit, à la veille de 1914, à l'amorce d'un génocide culturel… [5] ».
Est-on sûr pourtant que les chosesaient été si simples ? Le fait de formuler la question suffit pour que nous nous intéressions à ces dix années pendant lesquelles s'est développée la Révolution française, alors que paradoxalement nous n'avons fait état par ailleurs dans notre thèse d'aucune enquête d'importance sur la situation de la langue bretonne pendant cette période.
L'avant-garde de la Révolution
Les Bretons ont été à l'avant-garde de la Révolution, au point de jouer un rôle capital à ses débuts. La rédaction des cahiers de doléances et les élections d'avril 1789 aux États généraux avaient révélé les antagonismes particuliers à la province. Alors que le Tiers-état et le bas clergé désignaient leurs députés selon la procédure prévue, la noblesse et le haut clergé, confondant leurs privilèges de classe avec ceux de la province, refusaient de nommer les leurs : la constitution bretonne, disaient-ils, n'était pas respectée. Dès qu'ils se trouvent à Paris, les députés bretons du Tiers se regroupent dans le « Club breton », qui sera bientôt à l'origine du Club des Jacobins. Le Guen de Kerangal, Lanjuinais, Le Chapelier sont à la tête du mouvement. Ce sont eux qui préparent « la grande nuit du 4 août (…) une manœuvre de couloir type [6] », qui aboutit à l'abandon des libertés et franchises de la Bretagne.
L'adoption de la Constitution civile du clergé jette le bas clergé, jusque là favorable à la Révolution, dans le camp des opposants. L'instauration du tirage au sort, en 1792, est à son tour mal acceptée par la population. Cependant, les patriotes gardent bien en main le pouvoir, et la bourgeoisie réussit à assurer sa prééminence lors des élections. Mais après la chute de la Gironde, le Finistère et le Morbihan notamment sont tentés par l'aventure fédéraliste. La décision de la Convention, en 1793, de procéder à la levée en masse pour faire face à la guerre étrangère, provoque l'insurrection paysanne qui, en Basse-Bretagne, touche surtout le Morbihan. Sous la Terreur, les départements bretons, à l'exception des Côtes-du-Nord, sont contrôlés par les représentants en mission. « La guerre et l'accroissement des contradictions politiques et économiques qu'elle engendre [7] » produisent leurs effets, et les « patriotes » sont divisés. On s'achemine vers le coup d'État de brumaire.
De la Révolution, la Bretagne conserve toujours son organisation en cinq départements. C'est à ses députés des pays de Rennes et de Nantes qu'elle dut « d'être l'une des seules provinces à voir ses frontières intégralement respectées par les départements [8] ». Mais si, en 1790, le critère historique fut pris en considération, celui de la langue ne le fut pas, bien que, selon F. Brunot [9], « certains députés firent observer qu'on ne tenait aucun compte, dans le regroupement des populations, des affinités de langage ». De fait, il semble bien qu'il ait été peu question de l'étendue de la zone bretonnante pour délimiter les nouvelles circonscriptions territoriales, puis, un peu plus tard, celles des nouveaux évêchés, si bien que la Basse-Bretagne fut partagée entre un département et deux moitiés d'autres. La fixation des nouvelles limites administratives donna lieu à débats et contestations, entre le Finistère et le Morbihan, en Ille-et-Vilaine. Saint-Malo, en particulier, ne voulait se retrouver ni avec Rennes, ni surtout avec Saint-Brieuc, et ce, pour une raison quelque peu inattendue : « à cause de l'idiome, il leur faudrait des interprètes [10]».
Il est curieux d'observer que les histoires de la Révolution française en Bretagne n'ont, en général, pas accordé la moindre attention aux problèmes linguistiques auxquels elle a été confrontée[11]. Il ne s'agit certes pas de la question centrale du moment, mais le fait est qu'elle a donné lieu à l'époque à nombre de débats. Pour Ferdinand Brunot, « en 1789, la langue française entre dans une nouvelle phase de sa longue vie (…) Les résultats obtenus par elle en dix ans dépassent peut-être ceux auxquels l'évolution spontanée avait jadis conduit en un siècle (…) Le langage est devenu une affaire d'État [12] ».
Renée Balibar et Dominique Laporte font un constat identique en d'autres termes : « les rapports des représentants en mission, les pièces d'archives, attestent la pratique du français dans les appareils politiques, et les statistiques et enquêtes sur l'état linguistique de la France établies par les préfets de l'Empire prouvent que le français national fut effectivement instauré et fit, dès son instauration, des progrès considérables. En l'espace de trois ou quatre ans que dura l'époque révolutionnaire, toutes les classes de la société le reconnurent et se l'approprièrent [13] ». Est-ce à dire que toutes les régions se l'approprièrent également ? Il est possible que le bouillonnement politique né de la Révolution, le développement subséquent des échanges entre Paris et les départements, ont effectivement conduit, à ce moment, à la propagation du français et à l'extension de son usage, y compris dans les régions comme la Basse-Bretagne [14]. Mais l'influence exacte de la Révolution sur la pénétration du français en zone bretonnante reste à mesurer.
La Révolution elle-même a tenu compte de l'existence de la langue bretonne : comment aurait-elle pu faire autrement [15] ? La situation linguistique de la Basse-Bretagne ne pouvait qu'être la continuation de ce qu'elle était avant 1789, et c'est précisément ce que constate un certain Pierre Riou, laboureur à « Plougonoil [16] », dans sa réponse à l'enquête de Grégoire. Une seule autre lettre parvint à Grégoire de Bretagne : si l'on en croit le récipiendaire, elle est probablement l'œuvre de Lequinio. Celle de Lequinio n'est pas datée, mais celle de P. Riou est du 17 octobre 1790. Le rapport Grégoire lui-même est du 16 Prairial an II. Il s'est, autrement dit, écoulé un délai de 4 ans entre le moment où - à titre personnel, il convient de le souligner - l'homme qui fera voter par la Convention l'abolition de l'esclavage diffuse le 13 août 1790 son questionnaire relatif « aux patois et aux mœurs des gens de la campagne », et celui où il en présente l'analyse devant la Convention.
Un idiome barbare
On ne connaît généralement qu'un seul extrait des correspondances adressées par Pierre Riou et par Lequinio au curé d'Emberménil : il s'agit du passage dans lequel le premier écrit, à propos des ci-devant évêchés de Tréguier et Léon, que « l'usage de la langue française, bien loin d'être universel dans cette contrée, n'y est connu des campagnards que d'une faible partie, de ceux qui communément, par leurs relations de commerce, fréquentent les villes. Les gens aisés en forment le plus grand nombre [17] ». Mais plusieurs autres informations méritent d'y être relevées, du point de vue de la sociolinguistique.
Il n'est pas sans intérêt d'observer, préalablement, que s'il est impossible de localiser le Plougonoil d'où écrit P. Riou et d'esquisser sa biographie, lui-même donne cependant d'intéressantes indications le concernant. Il parle « du ci-devant évêché de Léon et Tréguier » comme étant « l'un où j'ai pris naissance, l'autre que j'habite depuis nombre d'années ». Il se désigne comme « un laboureur peu instruit », mais la précision de ses observations laisse supposer qu'il avait effectué de fréquents déplacements dans cette région « que, écrit-il, je me flatte assez connaître pour entreprendre de répondre par extraits à vos questions ». Il avait même voyagé à l'étranger, puisqu'il parle de « la province du Galle, en Angleterre, que j'ai parcourue… » et dont il semble croire que la langue « dérive du breton de ces pays du Finistère ». Gazier, l'éditeur des « Lettres à Grégoire [18] », souligne « l'incorrection de son langage » : P. Riou avait très certainement appris le français comme seconde langue. Il n'est pas inculte en la langue bretonne : il n'en ignore pas l'origine celtique, et souligne qu'elle « diffère beaucoup dans l'un et l'autre évêché ». Il sait aussi que l'on peut se procurer des livres bretons « en s'adressant à Quimper, à Derrien, libraire ».
Quant à Lequinio, son rapport à la langue bretonne paraît complètement différent et beaucoup plus distancié. Il reprend sans hésiter la notion de « patois », telle qu'elle figurait dans le questionnaire de Grégoire. Alors que Riou témoigne d'une connaissance personnelle du breton, lui « ne sait pas pour quel genre de choses ce patois est le plus abondant (et) connaît trop peu de mots pour exprimer les nuances des idées ». Il admet que « le patois varie peu en lui-même ; mais sa prononciation change presque de paroisse en paroisse, et il est tellement changé de vingt lieues en vingt lieues, qu'il faut faire une petite étude pour entendre le breton parlé à cette distance de son pays natal ». Ayant signalé que « nous avons des ouvrages en patois, des prières, des cantiques, des Vies de Saints, etc. », il reconnaît que le mérite de ces ouvrages est de faire apprendre à lire en breton ».
Selon Pierre Riou, l'usage du français est donc « bien loin d'être universel » dans les campagnes de Basse-Bretagne. Lequinio se contente d'une notation d'évidence : « on parle le breton dans les campagnes ». À la 17e question de Grégoire - « le parle-t-on dans les villes ? » - il répond : « la populace seulement ». D'après lui, les campagnards savent également s'énoncer en français le long des côtes, assez peu dans les terres, presque aucun dans quelques paroisses ». Pour Riou, au contraire, « il n'est point de coin où (la langue bretonne) ne soit mise en pratique. Aussi rarement voit-on le campagnard s'énoncer en français ». D'après lui, « cette langue (bretonne) est bonne dans les villes, y est même devenue nécessaire à l'habitant, qui a à traiter journellement avec le campagnard pour les productions de son territoire. Le commun des hommes la conserve même dans les villes, au point qu'elle lui est devenue plus familière que le français, sa langue maternelle. » Les relations d'échange se font donc par l'intermédiaire du breton, et la population urbaine se trouve dans l'obligation de le savoir pour commercer avec les habitants des campagnes.
Les échanges entre le secteur urbain et le secteur rural ne sont cependant guère développés, et Pierre Riou en vient à souligner à sa façon la faible incidence de la scolarisation sur les pratiques langagières : depuis quelques années, les écoles se sont multipliées dans les villes, et parviennent à attirer une clientèle rurale. Si « la campagne, dans le bas âge, reçoit un commencement d'éducation dans la lecture et l'écriture du français et du latin », elle le « perd insensiblement au croître, si (…) elle cesse de communiquer avec les villes, ce qui est ordinaire ». Il suffit, autrement dit, que les jeunes ruraux qui viennent d'être initiés au français au sein d'une école de ville grandissent et n'aient plus de rapports avec la ville pour que le breton redevienne, chez eux, prédominant. Mais en milieu rural proprement dit, la scolarisation présente des particularités différentes : elle est peu développée ; elle est à finalité religieuse ; elle fait place au breton, et ignore le français : « peu de campagnes ont des écoles, encore n'est-ce qu'en breton que l'on y reçoit une faible teinture plus particulière du catéchisme (…) Peu de villages sont fournis de maître ou maîtresse. Quelques-uns ambulants en font métier (…) Rien autre chose ne s'y enseigne (dans ces écoles) que la lecture bretonne et latine, rarement l'écriture (…) ».
Les informations transmises sur ce point par Lequinio sont moins détaillées : il n'y a d'écoles, dit-il, que dans les gros bourgs. Mais il existe, d'après lui, une autoscolarisation : « les gens de la campagne n'ont point le goût de la lecture, ignoti nulla cupido. Cependant plusieurs lisent en breton des Vies des saints et des cantiques, et ils s'apprennent à lire les uns aux autres sans maîtres de profession ». Le correspondant de « Plougonoil » ajoute en ce qui le concerne que « le nombre de ceux qui conçoivent ce qu'ils lisent en français est bien petit ». Lequinio précise qu'« on ne prêche qu'en patois ».
Riou se garde bien de se prononcer sur les objectifs de Grégoire : « personne, Monsieur, n'est plus que vous dans le cas de juger quelle serait l'importance religieuse et politique de détruire cette langue et d'en découvrir les moyens. Dans tous les cas, ce ne pourrait être que dans les législations futures ». Le Breton lui laisse donc la responsabilité d'engager une action dans ce sens. Cette neutralité peut-elle être interprétée comme une critique ? Toujours est-il qu'elle s'accompagne d'un avertissement, succinct, mais réaliste. Lequinio, au contraire, ne verrait que des avantages à la complète destruction du patois : « apprendre aux peuples à quitter la superstition, à connaître la religion dans la vérité, à leur donner une existence politique qu'ils ne sentent pas et dont ils n'ont point l'idée ».
Nombreux sont, par ailleurs, les textes de l'époque révolutionnaire qui font constater l'emploi en Bretagne d'une langue qui n'est pas le français. Grégoire inclut, bien entendu, le breton au rang des « patois » qui font « qu'au moins six millions de Français, surtout dans les campagnes, ignorent la langue nationale ; qu'un nombre à peu près égal est à peu près incapable de soutenir une conversation suivie [19] ». Barère, dans son rapport du 8 pluviôse an II, ignore jusqu'où se parle exactement le breton, puisqu'il croit « les cinq départements de l'Ouest » bretonnants ; mais, indépendamment des considérations qu'il développe sur « cet instrument barbare de leurs pensées superstitieuses », il sait bien que « les habitants des campagnes n'entendent que le bas-breton » [20].
Le représentant Bouret, en mission dans le Morbihan, multiplie les rapports dans lesquels il fait état, pour s'en plaindre, de l'usage exclusif du breton par la population : « on ne saurait instruire tout à coup une masse d'hommes fanatisés qui n'entendent pas un mot de votre langage » (19 brumaire an III) ; « ils parlent un idiome barbare, qui est le seul usité parmi eux, et qui varie même dans chaque district, si bien que, quand un étranger veut entrer en conversation avec eux, après avoir beaucoup écouté, ils répondent nontanquete, c'est-à-dire : Je n'y entends rien[21] » (19 nivôse an III). F. Brunot signale encore une délibération du Conseil Municipal de Pontivy qu'il ne date pas, mais paraît être de l'an XI (1803), affirmant que « l'on doit multiplier les moyens d'instruction pour faire disparaître l'idiome bas-breton (parce que c'est) la seule langue usuelle des habitants des campagnes de cet arrondissement qui les rend, pour ainsi dire, étrangers au milieu de leurs concitoyens dont ils ne peuvent se faire entendre et qu'ils ne peuvent comprendre [22] ».
Il n'y a donc pas que des textes d'origine nationale. Sur place aussi, des rapports ou des correspondances font les mêmes constatations. Ainsi, les responsables du district de Morlaix donnent le 7 mai 1791 la mesure de la situation en ces termes : « presque tout le monde parle breton ici, mais peu sont en état de bien traduire, rapport à l'orthographe [23] ». Le Directoire du Finistère, quand il nomme un traducteur breton, le 22 brumaire an II, précise que c'est pour « faciliter l'exécution des lois aux cultivateurs peu ou point familiers avec la langue française » et que le breton est « l'idiome généralement usité dans les campagnes de ce département [24] ». Le constat peut être formulé en négatif : Le Gall, curé constitutionnel de Plounéour-Trêz, écrivait, le 12 août 1792, au procureur-syndic de Lesneven : « vous savez que dans nos campagnes un grand nombre ne déblatère contre la Constitution que parce qu'il ne l'entend pas [25] ». Dans le Morbihan, les administrateurs d'Auray informent le département des problèmes qu'ils rencontrent pour les nominations de prêtres constitutionnels : « nous ne voyons aucun jour aux remplacements, si ce n'est pour les cures d'Auray et du Palais, qui peuvent avoir des pasteurs français, au lieu que, pour toutes les autres, il faut absolument qu'ils entendent et parlent le langage de leurs ouailles [26] ».
La politique des traductions
Le breton paraît donc être, au moment de la Révolution française, la langue exclusive à la campagne. En contrepoint, il faut en induire que ce n'est pas le cas en ville, mais sans pouvoir préciser davantage — si ce n'est pour Auray et Le Palais (Belle-Île). Dans quelle mesure en fait-on alors usage ? Le fait qu'en 1789, les cahiers de doléances aient tous été rédigés en français est, en soi, révélateur. En quelle langue se sont déroulés les débats qui ont abouti à la rédaction de ces cahiers de doléances ? En quelle langue discutaient les clubs de la Révolution, dont J. Meyer précise qu'ils étaient nombreux « surtout en Basse-Bretagne [27] » ? Aucun document connu ne le précise, mais l'on est conduit à penser, comme Ferdinand Brunot « que les choses s'y passaient comme dans les assemblées de village de l'ancien régime et comme dans les réunions de bien des Conseils municipaux d'aujourd'hui. L'ordre du jour, le procès-verbal étaient en français, la discussion en patois, sinon toujours, du moins souvent ». Dans les pays à idiome, comme la Basse-Bretagne, « c'est trop peu de dire que le langage local domina, il était perpétuellement dans toutes les bouches [28] ». Sachant que les cahiers de doléances ont généralement été rédigés par les recteurs, l'on doit donc considérer que ceux-ci, bilingues depuis longtemps de par la formation qu'ils avaient reçue, ont nécessairement servi de médiateurs linguistiques pour le compte des futurs citoyens. Un peu plus tard, avait d'ailleurs été instauré un système de transmission orale des informations : celui des lecteurs, dont la Bretagne aurait été particulièrement bien pourvue. Ainsi, dans le district de Rostrenen, alors en Finistère, il est établi, en décembre 1790, qu'il y aurait un « lecteur patriote » par municipalité [29].
Toujours est-il que la Basse-Bretagne va appliquer les stipulations du décret du 14 janvier 1790 invitant le pouvoir exécutif à faire traduire les délibérations de l'Assemblée dans les différents idiomes des provinces. Selon Daniel Bernard, il ne semble pas que l'on ait traduit en breton les décrets de la Constituante, ou bien les traductions éventuelles n'ont pas été conservées. Mais le 2 mai 1791, le Directoire du Finistère témoigne de l'intérêt que représentent ces traductions, dans une circulaire du 2 mai 1791 aux districts : « nous recevons de toutes parts, messieurs, des demandes pour qu'il soit procédé sans délai à la traduction en langue bretonne des décrets sur le timbre, sur l'enregistrement, sur les contributions foncières et mobilières… [30] ». En une période de complète transformation de la législation, le besoin est donc très fortement ressenti d'un exposé en breton des nouvelles réglementations [31].
En réalité, c'est dès avant même le décret du 14 janvier 1790 qu'en Basse-Bretagne des initiatives sont prises pour procéder à la traduction de textes essentiels. Andreo ar Merser, qui, à l'occasion du récent bicentenaire de la Révolution, a eu l'heureuse idée de réunir en deux volumes les textes bretons de l'époque révolutionnaire [32], en présente huit de diverses provenances, en relation avec les élections aux États généraux, notamment « Instruksion evid Stadou ar Rouantelez er bloaz 1789 » [Instruction pour les États du Royaume de l'année 1789], et « Lizer d'ar Bobl a Vreiz a-berz o Deputeed d'ar Stadou Jeneral » [Lettre au Peuple de Bretagne de la part de leurs Députés aux États généraux], ce dernier document ayant été signé par l'ensemble des députés bretons.
Le second groupe de documents de l'édition Merser se rapporte à la Constitution civile du Clergé : lettre pastorale d'Expilly, nouvel évêque constitutionnel du Finistère ; manifeste des amis de la Constitution civile ; chanson sous la forme d'un entretien entre un prêtre jureur et un prêtre réfractaire… Mais les premiers textes contre-révolutionnaires affrontent déjà les autres : Catéchisme Breton à l'usage des chrétiens fidèles de la campagne, au sujet des affaires présentes ; lettre de Mgr de La Marche, évêque de Léon (en forme de chanson[33]), etc.
Il n'est pas surprenant que dans ce contexte où s'opposent déjà la nouvelle et l'ancienne politiques, des interventions se soient faites en breton devant la foule rassemblée : le 12 février 1792, par exemple, Louis-Marie Guiller, administrateur du département du Finistère, harangue la population de Crozon en faveur des prêtres qui ont prêté le serment [34]. Si le texte de ce discours a été conservé, il ne fut certainement pas le seul : lors de la plantation d'un arbre de la liberté à Plounéour-Trêz, le citoyen Cahel, commissaire de la Convention, prononce en breton « le discours le plus analogue à la circonstance » [35]. F. Furet et J. Ozouf ont, de leur côté, retrouvé aux Archives nationales trace d'un garçon des écoles républicaines de Plouégat-Guerrand, qui fut honoré du rameau civique et de « l'accolade fraternelle du citoyen-président » pour avoir « lors de la fête de la mort du roi en l'an VI, récité une traduction bretonne des Droits de l'homme [36] ».
Il faut attendre 1793 pour trouver la traduction en breton de textes émanant des instances supérieures de la Révolution. Il s'agit de : l'Acte constitutionnel, précédé de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 24 juin 1793 ; du rapport de M. Robespierre au nom du Comité de salut public, le 18 floréal an II ; de décrets de la Convention nationale, notamment celui du 8 pluviôse an II, décidant de la nomination d'instituteurs dans les départements bretons, etc.
L'ampleur du travail de traduction est cependant bien loin d'avoir atteint en Bretagne celle fournie pour le Midi par Dugas, qui, en 1792, avait déjà fourni 96 volumes de décrets et 18 autres volumes d'actes constitutionnels [37]. Il ne fut cependant pas très difficile de trouver la personne qualifiée pour assurer les traductions. Lorsque le Directoire du Finistère s'adresse aux districts, le 2 mai 1791, c'est pour leur demander « si, dans votre arrondissement, on trouverait quelques personnes assez instruites pour s'en occuper et, au moyen d'une récompense honnête qui pourrait lui être donnée, pouvoir mettre cet ouvrage en état de soutenir l'impression [38] ». Le district de Brest propose un commis des bureaux de la Marine, Salaun, et celui de Morlaix un certain Pervès. Une proclamation sur les menées des prêtres réfractaires fut traduite, à la demande du directoire du département, par MM. Jannou et Guiller - ce dernier étant également l'auteur du discours de Crozon - et imprimée à 3 000 exemplaires.
Le 22 brumaire an II, le Directoire du Finistère nomme « pour la traduction en breton des décrets…, le citoyen Raoul, domicilié à Landerneau », et lui alloue la somme annuelle de 1 500 livres. Cet ancien chantre de l'église paroissiale restera en fonction jusqu'en floréal an II, date à partir de laquelle il ne semble plus qu'il y ait eu de traducteur attitré. Dans le Morbihan, un concours fut ouvert, en septembre 1793, pour le recrutement d'un traducteur, qui aurait eu deux copistes pour adjoints, et aurait été rétribué à 1500 livres. Parfois l'initiative vient de la base : Le Gall, le curé constitutionnel de Plounéour-Trêz déjà cité, a décidé de lui-même de mettre la Constitution à la portée des bretonnants : « ma traduction, dit-il, fait fortune ici ; je ne puis pas suffire à en donner des copies à tous ceux qui m'en demandent… [39] ».
On songea également à une presse de langue bretonne. Le 10 février 1792, les membres du Directoire du Finistère avaient ainsi considéré « qu'il était d'une bonne administration de propager l'esprit public et de répandre principalement dans les campagnes la connaissance des principes constitutionnels. Aucun ouvrage ne nous a paru plus propre à remplir ce but salutaire que l'Almanach du Père Gérard (…) Nous espérons que nos bons cultivateurs recevront avec un nouvel intérêt les leçons du vénérable député d'Ille-et-Vilaine [40] revêtues des formes picquantes et de l'expression énergique et naïve de l'idiome celtique [41] ». Des exemplaires, dont aucun n'a été conservé, furent distribués entre les municipalités et les juges de paix, le 3 avril. Quelques mois plus tard, en novembre, le vicaire épiscopal du Finistère, Hurault, veut publier un journal bilingue pour « l'instruction des habitants des campagnes », et le département appuie son projet. Mais celui-ci n'aboutit pas [42].
Selon D. Bernard, « nous ne trouvons pas de décrets de l'Assemblée nationale traduits en breton à partir de l'an II [43] », mais A. ar Merser en a reproduit allant jusqu'en pluviôse de l'an IV. Pourtant, à dater du rapport de Grégoire - qui fut diffusé à 16 exemplaires auprès de chacun des districts du Finistère - l'attitude des autorités révolutionnaires finistériennes à l'égard du problème de la langue bretonne se modifie. En invitant les districts à s'abonner au journal « Le Cultivateur », la Commission administrative du département souligne que « la position géographique du département et l'idiome barbare qu'on y parle, le rendait pour ainsi dire étranger au progrès des arts [44] ». Les instituteurs étaient malgré tout invités à lire le rapport Grégoire publiquement les jours de décadis, et à le traduire verbalement — ce que préconisait justement le décret de pluviôse. En manifestant leur opposition à l'égard du breton, tout en pratiquant la traduction vocale, les Finistériens suivaient donc scrupuleusement les nouveaux principes édictés dans la capitale.
Après Thermidor, ils s'efforcèrent également de recruter des instituteurs selon les stipulations de la loi du 27 brumaire an III. Mais dans le secteur de Pont-Croix, les comités d'examen ne vérifièrent pas toujours les connaissances en breton des candidats, « vu surtout, disaient les municipaux de Douarnenez, que l'intention du législateur était moins d'enseigner le breton que de le faire oublier [45] ». Selon D. Bernard, plusieurs instituteurs, dans leurs rapports, déclarent qu'ils se servent régulièrement du breton. L'école pourtant ne se généralisa pas, et la forme d'enseignement bilingue qu'avait prévue la loi Lakanal se développa d'autant moins que la législation scolaire, par la suite, fut de moins en moins contraignante.
Les positions du breton ont-elles été entamées pendant la période de dix ans que dure la Révolution française ? La connaissance du français s'est-elle étendue du fait de tous les débats et échanges auxquels elle a donné lieu ? Ou au contraire le français n'a-t-il pas reculé du fait de la liquidation du système ecclésiastique d'enseignement ? Bien que notre propos initial ne soit pas d'analyser directement ce phénomène, nous ne manquerons pas de citer Habasque : « avant la Révolution, écrit-il en 1832, on avait par fois de la difficulté à trouver, dans une paroisse, quatre ou cinq personnes qui sussent le français ; aujourd'hui, il n'y a pas un cultivateur aisé, dont quelqu'un des enfants ne le parle ou ne l'entende [46] ». Une claire conscience existe donc des changements linguistiques qui se sont produits à l'occasion de la période révolutionnaire, même si les propos d'Habasque soulignent bien que la connaissance du français n'est le fait que des plus aisés des ruraux, ou, plus précisément encore, de l'un ou l'autre de leurs enfants.
Il convient d'observer en tout cas que, contrairement à toutes les idées reçues, la Révolution n'a pas déraciné les idiomes. Elle en a eu, certes, l'intention, et pendant les quelques mois de pouvoir jacobin, la Terreur a aussi été linguistique, en particulier à l'égard du bas-breton [47]. Il n'en reste pas moins que du fait de la Révolution le breton accède alors pour la première fois au statut de langue de la politique, et ce dès 1789 : il n'est plus seulement le moyen d'expression habituel de tout un peuple, il n'est plus seulement la langue de l'Église. De ce point de vue, la politique des traductions marque bien une rupture, peut-être datée, mais bien réelle, par rapport à la période de l'Ancien Régime.
La langue bretonne devient aussi un enjeu, et à cet égard, le discours révolutionnaire sur les idiomes, et plus particulièrement celui des jacobins, est assurément, pour l'avenir, porteur de bien des évolutions. C'est que la donne est changée du tout au tout. À partir de 1789, la Bretagne n'est plus une nation : les nations d'Ancien Régime ont été emportées, et « nation prend alors en France un sens nouveau [48] ». La Bretagne s'intègre désormais dans une nouvelle nation dont il est déjà dit - mais seulement dit, jusque là - que le français doit être la langue, la langue nationale unique.
[1] Ce texte correspond au chapitre 11, p. 265-274, de l’ouvrage publié sous ce titre aux Presses universitaires de Rennes en 1995 dans la collection « Des sociétés ».
[2] Se reporter à l’analyse des discours que nous avons déjà produite concernant la Révolution française et les idiomes. En ligne :
http://www.langue-bretonne.org/archives/2017/12/11/35949334.html
[3] Gwegen, Jorj. La langue bretonne face à ses oppresseurs. Quimper, Nature et Bretagne, 1975, p. 32-33.
[4] Morvannou, Fanch. Le breton, jeunesse d'une vieille langue. Préface de R. Lafont. Brest : Presses Populaires de Bretagne, 1980, p. 20.
[5] Commission Histoire de Skol Vreizh. Histoire de la Bretagne et des pays celtiques. De 1789 à 1914. Morlaix : Skol Vreizh, 1980, p. 216.
[6] Meyer, Jean. Une mutation manquée : de la Révolution politique aux débuts du monde industriel (1789 -1880). In : Histoire de la Bretagne / sous la direction de Jean Delumeau. Toulouse, Privat, 1969, p. 385.
[7] Guin, Yannick. Histoire de la Bretagne de 1789 à nos jours. Contribution à une critique de l'idéologie nationale. Paris, Maspéro, 1977, p. 59.
[8] Id, p. 18.
[9] Brunot, Ferdinand. Histoire de la langue française. La Révolution et l'Empire, Tome IX, vol. 1, p. 76.
Les autres citations extraites de Brunot seront simplement signalées par la pagination.
[10] Cité par la Commission Histoire de Skol Vreizh, p. 18.
F. Brunot produit, p. 77, une citation du Courrier de Provence, selon laquelle « St-Malo voulait être érigé en sixième département de la Bretagne et donnoit pour motif la différence des langages, l'étendue des côtes… Ces exceptions ont été refusées ».
[11] C'est le cas des auteurs bretonistes également. Le chapitre du livre de Skol Vreizh précédemment cité ne présente pas le moindre élément sur la politique linguistique de la Révolution, et il faut attendre le dernier chapitre sur l'évolution culturelle… pouren trouver mention.
[12] Brunot, Ferdinand. Histoire de la langue française, op. cit., p. 1-2.
[13] Balibar Renée, Laporte, Dominique. Le français national. Politique et pratique de la langue nationale sous la Révolution. Paris : Hachette Littérature, 1974, p. 119.
[14] C'était déjà la conviction de Barère et de Grégoire, c'est encore plus celle de F. Brunot, qui y consacre de longues pages.
[15] Lire par ailleurs l'analyse du discours de la Révolution Française concernant les patois et idiomes. Voir note 2, supra.
[16] Tous les auteurs ont constaté que ce nom de paroisse n'existe pas et qu'il n'était donc pas possible de la localiser. Cela n'a pas empêché de Certeau, Julia et Revel de placer Plougonoil sur une belle carte de France des réponses au questionnaire de Grégoire. De Certeau, M., Julia, D., Revel, J. Une politique de la langue.La Révolution et les patois. Paris, Gallimard, 1975, p. 36.
[17] Gazier, A. Lettres à Grégoire sur les patois de France. 1790-1794. Documents inédits sur la langue, les mœurs et l'état des esprits dans les diverses régions de la France, au début de la Révolution. Suivis du rapport de Grégoire à la Convention […]. Paris, G. Pedone-Lauriel, 1880 ; Genève, Slatkine, 1969. (Reprint). Les lettres de Riou et Lequinio se trouvent p. 280-289.
La lettre de Riou, en particulier, contient des renseignements intéressants sur l'état d'esprit de la population bretonne vers la fin de l'année 1790. Nous n'analysons pas les considérations proprement linguistiques de l'auteur.
[18] De Certeau, M., Julia, D., Revel, J. Une politique de la langue, op. cit., p. 302.
[19] De Certeau, M., Julia, D., Revel, J. Une politique de la langue, op. cit., p. 302.
[20] Id, p. 292.
[21] Brunot, F.. Histoire de la langue française, op. cit., p. 282-284.
[22] Id, p. 482-483.
[23] Bernard, Daniel. La Révolution française et la langue bretonne. Rennes, Oberthur, 1913, p. 4.
[24] Id, p. 6.
[25] Id, p. 7.
[26] Jeanvrot. Le Masle, évêque constitutionnel du Morbihan. La Révolution Française, tome XXI, 1891, p. 499. Cité par F. Brunot. Histoire de la langue française, op. cit., p. 59.
[27] Meyer, Jean. Une mutation manquée…, op. cit., p. 336..
[28] F. Brunot. Histoire de la langue française, op. cit., p. 65-66.
[29] Id, p. 62.
[30] Bernard, Daniel. La Révolution Française…, op. cit., p. 3.
[31] Et pas seulement en breton. Des traductions furent effectuées en basque, allemand, italien et surtout en provençal, languedocien, gascon, etc., pour les départements du Midi. Ces dernières furent l'œuvre de Dugas. Voir : F. Brunot. Histoire de la langue française…, op. cit., p. 25-50.
Schlieben Lange, Brigitte. La politique des traductions.Lengas, n° 17, 1985, p. 97-126.
[32] Ar Merser, Andreo. 1789 hag ar brezoneg. Levrenn genta. Adskrivadennou. Eil levrenn. Skridou orin. Brest, Brud Nevez, 1990. Nombre de textes édités par A. ar Merser avaient déjà fait l'objet d'une première publication par Daniel Bernard. Voir notamment : Bernard, Daniel. La Révolution Française…, op. cit., 47 p. Extrait des Annales de Bretagne, avril 1913.
Id, Le breton dans les actes publics. S.l., s.n., s.d. - 18 p.
Id, Deux écrits de propagande en langue bretonne. Annales de Bretagne, 1912.
Bernard, Daniel et Falc'hun, F. Discours breton à Crozon le 12 février 1792, Annales de Bretagne, tome LXIX, fasc. 4, 1962, p. 429-442.
[33] La plupart des textes contre-révolutionnaires de l'époque sont des chansons.
[34] Bernard, Daniel et Falc'hun, F. Discours breton à Crozon…, op. cit.
[35] Dupuy, A., Plounéour-Trez et Plouguerneau pendant la Terreur, Annales de Bretagne, tome III, 1987, p. 78. Cité d'après : F. Brunot. Histoire de la langue française, op. cit., p. 167.
[36] Rapport du commissaire du Directoire exécutif, 2 pluviôse an VII. Archives Nationales, F1 CIII, Finistère 4. Cité par : Furet, François, Ozouf, Jacques. Lire et écrire. L'alphabétisation des français de Calvin à Jules Ferry. Paris : éd. de Minuit, 1977, p. 336-337.
Ces auteurs ont lu Plouagat-Guerraud par erreur, au lieu de Plouégat-Guerrand.
[37] F. Brunot. Histoire de la langue française, op. cit., p. 33-34.
[38] D. Bernard. La Révolution Française…, op. cit., p. 3-4.
[39] Id, p. 7-8.
[40] Il s'agit de Gérard Michel, paysan, né à Saint-Martin (Ille-et-Vilaine), en 1737, député à l'Assemblée Nationale, et célèbre par son bon sens, sa bonhomie et son fameux Almanach. Décédé en 1815.
Depuis la soutenance et la publication de la présente thèse, Gwenole Le Menn a retrouvé et réédité deux traductions différentes en breton du fameux Almanach :
L'Almanach du Père Gérard de J.M. Collot d'Herbois (1791). Le texte français et ses deux traductions en breton / réédités et annotés par Gwennole Le Menn. Préface et commentaires de Michel Biard. Avec index général. Saint-Brieuc, Skol, 2003, 517 p., ill. (Bibliothèque bretonne).
Une double recension de cette publication sera prochainement mise en ligne sur ce blog www.langue-bretonne.org, l’une en version française et l’autre en version bretonne.
[41] Id, p. 6-7.
F. Brunot (p. 45) fait état de la même démarche, dans les mêmes termes, dans le département du Morbihan, de la part de "La société populaire régénérée et épurée d'Hennebont".
[42] Id, p. 7.
[43] Bernard, Daniel. La Révolution Française…, op. cit., p. 8.
[44] Id, p. 8.
[45] Id, p. 9.
[46] Habasque, M., Notions historiques, géographiques, statistiques et agronomiques sur le littoral du département des Côtes-du-Nord. Saint-Brieuc, Chez madame Veuve Guyon, 1832, p. 112.
[47] Dans le chapitre sur la Révolution et les idiomes, nous avons vu le décalage entre le discours et la pratique des révolutionnaires de 1794 à l'égard des idiomes. Voir, supra, note 2.
[48] Baggioni, Daniel. La langue nationale. Problèmes politiques et problèmes linguistiques. La Pensée, n° 209, janvier 1980, p. 41.