Gi ar C'horr : la dernière chronique
Les bretonnants ne le connaissent que sous cette appellation, les autres disent Guy Le Corre. Habitué de la tranche matinale de France Bleu Breizh Izel, il a présenté son dernier journal en langue bretonne vendredi matin, et c'est ce dimanche matin qu'a été diffusée sa dernière revue de la presse hebdomadaire régionale.
Aujourd'hui, il nous a fait découvrir une interview du climatologue Jean Jouzel dans Le Marin, et dans Le Trégor un portrait de la nouvelle et jeune secrétaire du CE d'Alcatel-Lucent sur le site de Lannion. Dans Le Poher, il s'est intéressé au refus du Sénat d'autoriser la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires quelques jours après la manifestation de Carhaix. Il a également cité L'Écho de l'Armor et de l'Argoat pour des vols commis au détriment des personnes âgées et Le Progrès/Le Courrier pour une enquête sur le Conservatoire botanique du Stangala à Brest.
Un tour complet, que Gi ar C'horr a présenté dans une belle qualité d'expression en breton et avec sa placidité habituelle, se contentant de préciser sobrement, au moment de quitter ses auditeurs, que c'était sa dernière chronique et de les remercier de lui avoir été fidèles depuis les débuts de RBO (Radio Bretagne Ouest) en 1982. Curieusement, l'animateur de France Bleu Breiz-Izel qui a pris le relais et ne comprend apparemment pas un mot de breton, lui a donné rendez-vous pour… de prochaines chroniques !
Comme il l'a raconté à Ronan Larvor dans Le Télégramme, dans l'édition de vendredi dernier, Gi ar C'horr était à poste à Quimper aux premiers jours de la nouvelle station. Mais il avait fait ses débuts dès 1980 sur Radio Brest, où je l'avais sollicité pour présenter les deux éditions du journal en breton, à 7 heures et à midi. Il est vrai qu'à ce moment le statut des émissions en langue bretonne sur FR3 était loin d'être consolidé de la manière dont il l'est aujourd'hui et que le paysage audiovisuel breton s'est beaucoup transformé entre-temps. Mais pour Guy, comme pour bien d'autres, ce fut la découverte d'un métier (y compris à l'occasion d'un reportage à Chicago lors du procès de l'Amoco – et il en a fait beaucoup d'autres par la suite, mais pas aussi lointains), et ça l'aura occupé et bien occupé pendant un tiers de siècle.
Ce n'est pas tout à fait fini, si j'ai bien compris, puisque Gi ar C'horr va contribuer à la formation des jeunes journalistes bretonnants de la radio pendant quelque temps.
Ken pa vi gwelet, Tregeriad !
Pour en savoir plus et le voir de visu et en action, visionner son dernier journal dans l'émission An Taol-Lagad (sous-titrée) sur France 3 Iroise, édition du 30 octobre. Modeste, lui se limite à dire qu'il n'a fait que le job, pour que le breton se parle et s'entende à la radio. Ses jeunes collègues le considèrent comme "un monument" de l'histoire de la radio et de celle de la langue bretonne. Bravo, Guy !
J'aurais bien aimé écouter en podcast l'émission qui lui a été consacrée sur France Bleu Breizh Izel à 18 heures, vendredi. J'ai beau avoir été persévérant, je n'ai pas réussi à la localiser. Il faut dire que le site internet de France Bleu est très national et si peu régional. Si quelqu'un a le lien, je suis preneur.