Une charte pour l'alsacien
Un universitaire de Strasbourg me transfère une dépêche diffusée hier par l'AFP, selon laquelle les deux départements alsaciens et la Région Alsace ont signé jeudi une charte, par laquelle elles s'engagent à "renforcer et encourager" la pratique du dialecte alsacien et de l'allemand.
D'après le communiqué diffusé par la Région Alsace, cette charte a pour objectif de "promouvoir la langue régionale" et "notamment de favoriser son emploi dans la vie publique, économique et sociale, dans les médias, l'enseignement, la justice, les échanges transfrontaliers, les activités culturelles, etc."
La charte spécifie ce qu'il faut entendre par "langue régionale d'Alsace" : il s'agit de "la langue allemande dans ses formes dialectales (alémaniques et franciques parlés en Alsace et en Moselle) et sa forme standard (Hochdeutsch)". Elle précise en outre que "ceci n'exclut pas la reconnaissance du welche et du yiddish utilisés dans la région en tant qu'expression de la richesse culturelle".
La charte alsacienne reprend les préconisations de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Les collectivités partenaires présenteront périodiquement, l'année prochaine d'abord puis tous les trois ans ensuite, un rapport sur la politique suivie et les actions menées.
On dénombre quelque 600.000 locuteurs du dialecte alsacien sur 1,8 millions d'habitants, selon l'Association pour le bilinguisme et l'Office pour la langue et culture d'Alsace. La proportion de dialectophones concerne 74 % des plus de 60 ans mais 12 % seulement des 18-29 ans. Il existe un réseau d'une dizaine d'écoles bilingues privées, et plusieurs centaines d'écoles bilingues publiques paritaires.
Pour en savoir plus :
Dominique Huck. Dialectes et allemand en Alsace. Dans : Georg Kremnitz (dir.), Histoire sociale des langues de France. Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 397-410.
Le graphique ci-dessus (reproduit d'après cet article) est un essai de réprésentation de l'évolution de la connaissance déclarée des langues en Alsace, de 1931 à 2002, à partir de sources multiples.