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Le blog "langue-bretonne.org"
7 mai 2013

Enseignement bilingue : retour sur une campagne d'affichage

Enseignement bilingue (5 sur 14)

Les avez-vous vues ? 224 affiches en 4x3 comme celle-là ont été apposées sur des panneaux 4x3 au cours du mois d'avril dernier dans les principales villes de Bretagne (Brest, Quimper, Lorient, Vannes, Saint-Brieuc, Rennes et Nantes), et dans les communes environnantes. Au total, ce sont 48 communes qui ont été concernées par cette campagne d'affichage. Les villes moyennes (type Landerneau) n'étaient pas ciblées. Les affiches ont été placées dans les réseaux Decaux et Clearchannel.

Avez-vous compris le message ?

J'ai posé la question à quelques personnes au hasard. Tout d'abord, plusieurs n'avaient même pas vu l'affiche, dont certains sont pourtant fortement impliqués pour l'enseignement du breton. Parmi ceux qui l'ont vue, l'un s'est demandé s'il ne s'agissait pas d'une pub surprise pour promouvoir l'auto-stop. Ceux qui fréquentent un tant soit peu Facebook ont vite décodé le "j'aime" ou le "I like" du réseau social, d'autant que par un effet de zoom le terme "fan" était mis en avant. Le dos de la main de l'adolescent a été jugé sympa. 

La compréhension du message, ensuite, devient floue. Il faut bien comprendre que la campagne d'affichage visait surtout les automobilistes. Apparemment, personne n'a pu capter l'ensemble des éléments signifiants présents sur l'affiche :

  • certains ont eu le temps de lire "déjà 14 000 enfants", en se demandant de quels enfants il s'agissait
  • encore moins nombreux ont été ceux qui ont lu le petit carré noir en haut à droite de l'image faisant référence à l'enseignement bilingue français breton
  • une automobiliste a été alertée par le logo de l'Office public de la langue bretonne qu'elle connaissait déjà
  • un autre m'a fait observer que le logo de l'Office prenait plus de place que la mention de l'enseignement bilingue.
  • le petit triskell dessiné au dos de la main de l'ado s'est vu, mais l'association d'idées avec l'enseignement du breton ne va pas de soi. Je sais bien que ce n'est pas si facile de symboliser graphiquement une langue. Il y avait déjà un triskell en mars sur des panneaux 4x3 placés à Quimper lors de la semaine du breton (voir message du 23 mars). Mais faut-il que dans le cas du breton ce soit forcément un triskell ? Il est peut-être temps de lancer un concours d'imagination.

Bref, il n'y a que ceux qui ont revu l'affiche ensuite sur un autre support, et particulièrement sur internet, qui ont bien perçu qu'il s'agissait d'une campagne d'affichage en faveur de l'enseignement du breton.

Enseignement bilingue (12 sur 14)

Quel bilan ?

Parmi les préconisations que je formulais dans le rapport que j'ai remis en novembre 2010 au recteur de l'Académie de Rennes sur l'enseignement du et en breton, figurait précisément l'organisation périodique de campagnes d'information générale sur la langue bretonne et que soient menées des campagnes ciblées à destination de publics spécifiques, par exemple pour inciter les parents à inscrire leurs enfants en classes bilingues. J'avais repéré au cours de mon enquête un déficit d'image et d'information par rapport à l'enseignement du breton.

La campagne d'affichage du mois dernier a été intégralement financée par la région Bretagne, à hauteur de 30 000 €. L'Office public de la langue bretonne (OPLB) a été chargé de l'organisation de cette campagne, et c'est assez logique dans la mesure où il est devenu un établissement public, d'autant plus que la Vice-présidente aux langues de Bretagne à la région en est également la présidente.

Il est sûrement dommage que cette campagne n'ait pas été organisée en même temps que la semaine de la langue bretonne, au mois de mars (voir message), pour une histoire de timing, m'a-t-on expliqué. Elle a cependant eu lieu avant les vacances de Pâques, au moment où les parents devaient songer à la première inscription de leurs enfants à l'école. Y a-t-il eu beaucoup d'appels au numéro 0820 200 080, qui figurait sur l'affiche ? "Il y en a eu quelques-uns", m'a-t-on sobrement indiqué à l'Office public de la langue bretonne. Nul doute que l'Office proposera bientôt un bilan de cette première opération du genre.

Deux éléments ont sans doute contribué à ce qu'il n'y ait pas eu plus d'appels. Tout d'abord, cette campagne n'a apparemment été mise en œuvre que sur un seul support : pourquoi n'a-t-on pas entrepris une campagne multisupport ? Il faut ensuite se demander si la conception de l'affiche a répondu pleinement à son objectif. Quand l'affiche jouxtait un panneau pour de grandes chaînes commerciales, en matière de lisibilité, la différence était patente.

Enseignement bilingue (8 sur 14)

Commentaires
A
A ma connaissance, si il y a des gens qui étudient le grec ancien, pour le lire, personne ne le parle. Personne ne parle grec ancien à ses enfants, à la radio, à la télévision. <br /> <br /> <br /> <br /> Par contre des gens de tout âges parlent le breton, et des gens de tout âges apprennent le breton.<br /> <br /> <br /> <br /> Et les adultent qui apprennent le breton, pour une bonne part, le font pour ensuite l'enseigner à leur tour à des enfants.<br /> <br /> <br /> <br /> La longueur d'onde des deux commentaires précédents visent donc à la mort du breton, ce qui en réjouirait certainement plus d'un !<br /> <br /> <br /> <br /> Ce qu'il faut changer c'est la manière de sensibiliser les parents d'élèves au blinguisme, car ce n'est pas avec des méthodes dérisoirs de cette "pub" qu'o peut y arriver.<br /> <br /> <br /> <br /> Tous les parents qui ont des enfants en âge d'aller à l'école devrait recevoir une information détaillée sur le bilinguisme avant de faire le choix de leur école ou de leur classe. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui freine le développement du bilinguisme c'est d'abord et avant tous le manque d'information des parents et les idées fausses qu'ils se font à propos de ce type d'enseignement. <br /> <br /> Il y a une forme d'inertie naturelle des parents qui mettent leurs enfants dans les filières qu'ils connaissent, traditionnelle, monolingue. Il y a aussi un suivisme par rapport à ce que fait la majorité de la société.<br /> <br /> <br /> <br /> Il faut donc rendre les écoles bilingues aussi "normale" que les écoles monolingues aux yeux des parents, et en montrer les avantages.
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J
Dans une petite brochure publiée d’abord en gascon en juillet 1996 (17 ans déjà !), l’un des chapitres avait pour titre « L’école, moyen d “sauver” la langue ? » ; j’y mentionnais en tête les quelques cours de l’école publique et les écoles associatives Calandretas, version d’oc des Diwan. Et je poursuivais :<br /> <br /> <br /> <br /> « Mais n’est-ce pas vider des tombereaux de sable dans l’Océan ? sans être grand démographe nous pouvons compter quelque 115 000 décès annuels de personnes de plus de 50 ans sur quelque 13 millions d’habitants des pays d’oc, et en supposant que le tiers des défunts parlaient l’oc, ce sont plus de 38 000 locuteurs que nous perdons chaque année, inexorablement. En face, combien d’élèves arrivent à 16 ou 18 ans en parlant la langue correctement, quand nous savons ce qui en est de l’anglais ou de l’espagnol étudiés pendant tant d’heures au cours de la scolarité ? »<br /> <br /> <br /> <br /> Sur la fin de cette brochure, je posais la question « quelle possibilité de survivre ? »; et je répondais : « comme langue de culture apprise par ceux qui ont du loisir, amoureux d’une histoire et d’une civilisation ethniques qui enchantent celui qui a la chance de les découvrir. On apprend toujours le grec ancien et il y a des hellénistes qui font leur bonheur de vivre avec Homère et ses héros : Serait-il plus sot de faire de même pour ce qui est à nous ? »<br /> <br /> <br /> <br /> Nous sommes donc sur la même longueur d'onde !<br /> <br /> Kenavo !
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J
La cruauté des chiffres sur l'apport des 3 filières bilingues ?<br /> <br /> Je reconsulte mes excellentes références : (1) et (2).<br /> <br /> sur la base de la Bretagne B5 : brittophones (donc y compris les élèves de filières bilingues) : 172 000<br /> <br /> sur la base de l'ensemble des locuteurs en Basse-Bretagne : 70% ont plus de de 60 ans - p 75 et 76 de (1) -<br /> <br /> sur la base de l'académie de Rennes effectifs en 2nde (année 2009) pour les 3 filières bilingues : 46+13+88 = 147 élèves pour un effectif total de 12 439 en 1er et 2nd degré (année 2009) pour ces 3 filiéres -p 78 et 77 de (2) - Ce qui donne 147 / 12439 = 1,18 % des effectifs de départ arrivant potentiellement au niveau d'un bac bilingue.<br /> <br /> <br /> <br /> Soyons optimiste pour un calcul à la louche : Effectifs annuels et on en est bien-bien loin sur B5 = 24 000 élèves (1er et 2nd degré) dont 1,2 % sortent annuellement avec le bac bilingue. Soit production annuelle de 288 que l'on arrondira à 300 bacheliers bilingues. Dans 30 ans on aura produit 9 000 bacheliers bilingues et perdu hélas 70% des 220 000 bretonnants actuels de B5 soit 154 000 bretonnants. Cherchez l'erreur, l'erreur de virgule ou autre ...Je me suis certainement trompé mais où ?<br /> <br /> On objectera que le niveau bac bilingue c'est trop demander pour être compétent en breton, je n'en crois rien. On objectera aussi qu'il y a un effet multiplicateur : les jeunes auront des enfants ....Peut-être existe-t-il des études sérieuses alliant démographie, sociologie, prospective qui soit crédible sur ce sujet ? Où donc ?<br /> <br /> Ma conclusion intuitive c'est qu'il faut privilégier l'apprentissage volontaire du breton pour les jeunes et les moins jeunes et y reverser une grande partie des moyens affectés aux filières bilingues : mieux vaut que le breton soit le violon d'Ingres d'amoureux de la langue plutot que de disparaître.<br /> <br /> <br /> <br /> PS sur la campagne d'affichage : mon attention n'a pas été attirée par ces affiches ni à St Brieuc ni à Rennes, peut-être parce qu'elles ressemblent à des affiches de pub-ordinaire. Par contre le slogan "Il est de bon ton de parler breton ! "à Quimper et vu sur ce blog est sans doute signifiant des porteurs de la campagne pour les filières bilingues, signifiant aussi pour une partie peut être des parents des 3 Di, en tout cas slogan bobo contreproductif.<br /> <br /> JLP<br /> <br /> (1) : Parler breton au XXIe siècle - 2009 (2) L'enseignement du et en breton - 2010
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Le blog "langue-bretonne.org"
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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