Le projet d’Histoire sociale des langues de France : le jour où tout a commencé
C’était il y a très exactement 20 ans, et c’est Georg Kremnitz, un professeur de philologie romane de l’université de Vienne, en Autriche, qui en avait pris l’initiative : il y a dirigé l’Institut für Romanistik et présidé l’Association internationale d’études occitanes (AIEO). Deux journées d’études se sont déroulées à Paris les 30 septembre et 1er octobre 2004, dans les locaux de l’INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales). Elles avaient été organisées avec le concours de :
- l’AULF, l’Association universitaire des langues de France, qui regroupait alors les universitaires et chercheurs intervenant dans le domaine des langues de France
- et celui de la DGLFLF, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France.
Une douzaine de communications avaient été présentées lors de ces deux journées, et une table ronde organisée pour procéder à un premier état des lieux de la recherche sur les langues de France.
Les membres du collectif HSLF au Jardin du Luxembourg à l'issue d'une réunion le 19 septembre 2013. De gauche à droite : G . Kremnitz, F. Broudic, J. Sibille, F. Pic, D. Caubet, H. Boyer, C. Alén Garabato. Voir infra.
Faire découvrir son plurilinguisme à la France
Un comité scientifique fut constitué sous le nom de « Collectif HSLF ». L’objectif était de faire découvrir son plurilinguisme à la France, puisqu’on y parle plusieurs dizaines de langues autres que le français. Et c’est ainsi qu’a été publiée l’Histoire sociale des langues de France en 2013, avec les contributions de 70 auteurs français et étrangers qui décrivent et analysent les relations sociales qui se sont établies au fil des siècles entre le français et les autres langues, mais aussi entre celles-ci et le monde externe.
L’ouvrage de 906 pages prend en compte aussi bien les langues régionales ou minoritaires autochtones que celles de l’outre-mer et celles de l’immigration ancienne ou récente, sans oublier la langue des signes française. Il apportait une masse considérable d’informations sur un aspect méconnu de la société française et c’était une première pour l’ensemble des langues parlées en France.
Présentation de l'Histoire sociale des langues de France à Lyon le 26 octobre 2013. Photo : FB.
Un accueil largement positif
La réception de cette Histoire sociale des langues de France dans les médias comme par la communauté scientifique fut enthousiaste, comme en témoignent les quelques citations suivantes :
- Jean Lebrun, France Inter : Une monumentale Histoire sociale des langues de France, un grand travail collectif.
- Tudi Kernalegenn, revue "Armen" : Cet ouvrage collectif a tout pour devenir la bible des passionnés des langues minoritaires de l'Hexagone… Œuvre magistrale qui fait le tour de la question.
- Françoise Gadet, revue "Langage et société" : Incontestablement un événement éditorial.
- Andrée Tabouret-Keller, revue "La linguistique" : Passionnante, cette Histoire sociale des langues de France ne peut que nous stimuler.
- Christine Brancaglion, revue "Études linguistiques" : Une très efficace encyclopédie de la situation plurilingue de la France métropolitaine actuelle.
- Albert Valdmann, French Review (USA) : Ce livre corrige la vision d’un monolinguisme absolu hérité de la Révolution.
- Fausta Garavini (Italie) : Une entreprise étonnante et passionnante, aussi bien par la masse d’informations recueillies que par leur articulation.
Georg Kremnitz, lors d'une réunion du Collectif HSLF le 30 mai 2008. Photo : FB
Neuf universitaires et chercheurs
On doit l’aboutissement de ce projet novateur aux neuf universitaires et chercheurs de différents horizons qui se sont investis au sein du Collecif HSLF et se sont réunis deux ou trois fois par an à Paris, mais aussi lors d’un colloque à Montpellier. Il s’agit de :
- Georg Kremnitz, université de Vienne
- Carmen Alén Garabato, université Paul Valéry-Montpellier 3
- Klaus Bochman, université de Leipzig
- Henri Boyer, université Paul Valéry-Montpellier 3
- Dominique Caubet, Institut national des langues et civilisations orientales
- Marie-Christine Hazaël-Massieux, université d’Aix-Marseille
- François Pic, Centre de ressources occitanes et méridionales de Toulouse
- Jean Sibille, Délégation générale à la langue française et aux langues de France
- Fañch Broudic, chercheur associé au CRBC, université de Bretagne occidentale.
Georg Kremnitz remet un exemplaire de l'Histoire sociale des langues de France à Xavier North, délégué général de la DGLFLF le 26 octobre 2013.. Photo : FB
Un projet ambitieux
Il a bénéficié des soutiens notamment de :
- La DGLFLF, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France
- Le Sénat et plusieurs régions de France
- L’université de Vienne (Autriche), celle de Montpellier 3 et celle des Antilles et de Guyane à Fort-de-France.
Informations complémentaires
L’Histoire sociale des langues de France a été publiée aux Presses universitaires de Rennes. Pour commander votre exemplaire : https://pur-editions.fr/
Dix ans après la parution de cet ouvrage qui reste sans équivalent, le Centre de recherche bretonne et celtique à l’Université de Bretagne occidentale, a organisé un symposium les 23 et 24 novembre 2023 à Brest en vue d’un nouvel état des lieux nécessaire sur les pratiques langagières en France, que la langue parlée soit dite régionale, nationale, d’outre-mer ou d’immigration. Les actes du symposium feront l’objet d’une publication en ligne dans la revue La Bretagne linguistique.
Pour en savoir plus : www.langues-de-france.org