Carhaix : le festival des livres primés
La 35e édition du Festival du livre en Bretagne s’est déroulée le week-end dernier dans la salle Glenmor de Carhaix, spécialement aménagée pour accueillir aussi bien les éditeurs et les auteurs venus de toute la Bretagne ou d’ailleurs que les visiteurs. Mais pas moins de quatre prix différents sont décernés dans le cadre du Festival.
Dimitri Rouchon-Borie, lauréat du prix du roman
Le prix du roman de la ville de Carhaix
Il a été attribué à Dimitri Rouchon-Borie pour « Le chien des étoiles ». Le lauréat, qui est par ailleurs journaliste spécialisé dans la chronique judiciaire et le fait divers au Télégramme, a réagi en déclarant qu’il est « touchant d’être distingué ici en Bretagne. » Il n’est pas un novice en écriture, puisqu’il a déjà publié six ouvrages aux éditions du Tripode : « Le chien des étoiles » sorti en août 2023 est son septième opus chez cet éditeur. Il a déjà reçu pour ce roman le prix de l’Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire.
Le roman, présenté comme un road-movie gitan, raconte la beauté de la nuit et l’appel des chouettes depuis que Gio, à vingt ans, s’est fait planter un tournevis dans le crâne.
Fanny Bugnon, lauréate du prix d'Histoire de la Bretagne
Les prix du livre d’histoire de Bretagne
Qualité scientifique, lisibilité et accessibilité : tels sont les critères que retient le jury pour ce prix, créé il y a trois ans. En réalité, ce sont trois prix qui sont attribués chaque année. Le jury est constitué de représentants de Bretagne, culture, diversité (BCD), du Musée de Bretagne et du Festival du livre de Carhaix.
Après avoir récompensé Julien Bachelier en 2023 pour son livre sur Fougères, il a retenu cette année comme premier prix « L’élection interdite. Itinéraire de Joséphine Pencalet, ouvrière bretonne (1886-1972) » de Fanny Bugnon.
Tudi Kernalegenn, le directeur de BCD, (ci-dessus) a détaillé en direct les raisons pour lesquelles ce prix lui était décerné :
Fanny Bugnon fait œuvre originale par cette biographie de l’ouvrière douarneniste Joséphine Pencalet. Militante syndicale, première femme élue dans un conseil municipal en 1925, devenue une icône du droit des femmes, elle a pourtant laissé très peu de traces dans les archives. Par une utilisation rigoureuse des archives qu’elle interroge avec intelligence et minutie, Fanny Bugnon réussit à démonter certains mythes, une héroïsation de Joséphine Pencalet, tout en retraçant en filigrane la biographie d’une anonyme célèbre. Il s’agit donc d’une contribution originale et stimulante à l’histoire sociale et populaire de la Bretagne, mais aussi à l’histoire des femmes.
L’auteure, Fanny Bugnon, est chercheuse au laboratoire Tempora et maîtresse de conférences en Histoire contemporaine et études sur le genre à l’Université Rennes 2. Elle s’est dite très heureuse de recevoir le prix « parce que l’histoire de Bretagne se mêle de tout temps à l’histoire des femmes ». Son livre est paru aux éditions du Seuil.
Maïwenn Raynaudon-Kerzerho et Jacqueline Le Nail, présentant les ouvrages des lauréats.
Le deuxième prix revient à Saphyr Creston pour l’ouvrage qu’elle a publié sur son grand-père aux éditions Ouest-France : « René-Yves Creston. Artiste Seiz Breur et ethnologue. »
Le troisième prix est attribué ex æquo à André Cariou pour « L’or brun des faucheurs de la mer », aux éditions Coop Breizh, et François de Beaulieu pour « Le loup en Bretagne hier et aujourd’hui », aux éditions Skol Vreizh.
Le jury était composé de :
- Julien Bachelier, Docteur en histoire du Moyen Âge, lauréat du prix 2023
- Charlie Grall, responsable du Festival du livre en Bretagne
- Krystel Gualdé, directrice scientifique du musée d’histoire de Nantes
- Tudi Kernalegenn, directeur de BCD, docteur en science politique, historien
- Jacqueline Le Nail, bibliothécaire patrimoine, Les Champs Libres
- Maiwenn Raynaudon-Kerzerho, journaliste, Bretons
- Jörg Ulbert, MCF en allemand, docteur en histoire moderne
Le prix de la nouvelle en breton de la ville de Carhaix
C’est Patrice Marquand qui reçoit ce prix pour une nouvelle parue en mai dernier dans la revue « Al Liamm » : « E kambr ar skrivagner » [La chambre de l’écrivain]. Il est originaire de Bourgogne, et c’est à ma connaissance le deuxième Bourguignon à écrire en breton.
L’autre était le chanteur et compositeur Arnaud Maisonneuve, décédé en 2005. Il a pris part à la création du groupe Cabestan, publié plusieurs disques, dont son dernier album « War vord ar mor » [Sur le bord de mer] et le recueil de chansons « Kananouennou hervez ma zantimant » [Chansons de mon inspiration], paru en 1999 chez Brud Nevez.
C’est en arrivant à Rennes en 2000 que Patrice Marquand s’est mis à l’étude du breton. Il ambitionne d’écrire désormais un recueil de nouvelles, puis un roman. Il lui a été remis un chèque de 1 500 € par la ville de Carhaix
Le prix Xavier de Langlais
C’est Gaëtan, le fils de l’artiste et écrivain Xavier de Langlais, qui a lui-même remis à Loeiza an Duigou le prix qui récompense chaque année à Carhaix une œuvre de prose ou de poésie inédite en langue bretonne. Son livre s'intitule "Kali Torrdent" [Kali Casse-dents]. En fait, il est déjà paru aux éditions Al Liamm et disponible depuis le mois de juin sur le site de Kuzul ar brezhoneg, ainsi que sur celui de la FNAC, et sans doute en librairie. Le synopsis est le suivant :
Grandir parmi une bande de pirates en cachant que l’on est une fille, ce n’est pas une vie de tout repos. Et lorsqu’il y a le fantôme de votre grand-mère, qui était la plus crainte et la plus cabocharde des pirates, qui vous suit jour et nuit, c’est encore pire ! Mon nom est Kali Torrdent, et un jour, je serai moi aussi une pirate, avec mon bateau, mon équipage, et tout ! Sainte Kabaduilh ! Pour sûr que oui !