Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog "langue-bretonne.org"
23 octobre 2017

Langue bretonne : l'organisme de formation Stumdi dans ses nouveaux locaux

Stumdi Keranden -2   Stumdi 2017-10-13-17

Quand on est confronté à une progression constante de ses activités, vaut-il mieux rester vivre au milieu d'un parc arboré dans un manoir en pierre de Kersanton de belle facture ou déménager au premier étage d'un ancien hôpital réaménagé pour tenir compte au mieux de vos desiderata ? C'est le dilemme auquel était confronté Stumdi, l'organisme de formation qui propose depuis trente ans des stages intensifs de langue bretonne pour adultes, ainsi que de gallo. Après avoir exploré diverses pistes, y compris jusqu'à Brest, les responsables de l'association ont finalement choisi de rester à Landerneau.

La ville s'est empressée de rénover le bâtiment pour que Stumdi puisse disposer d'un espace fonctionnel, pas beaucoup  plus grand en surface, mais il lui permet de travailler désormais dans les conditions qui lui conviennent. Aucune collectivité ne peut aujourd'hui laisser partir une structure pourvoyeuse d'emplois et qui contribue de surcroît à sa notoriété.

Stumdi 2017-10-13-1   Stumdi 2017-10-13-2

Six sites de formation principaux

Rien, ou presque, ne laisse supposer de l'extérieur que Stumdi est installé là, dans le centre Théo Le Borgne, du nom d'un ancien maire (de 1965 à 1977) et conseiller général de Landerneau, parfait bretonnant – ça tombe bien, même si personne n'y a fait allusion l'autre jour lors de l'inauguration des nouveaux locaux. À l'intérieur, il faut parcourir un long couloir bordé de bureaux et de salles de cours ou de réunion, avant de parvenir à un bureau d'accueil spacieux : au mur, une frise pêle-mêle de breton et de français présente les différents atouts que met en avant la structure.

Landernau n'est pourtant pas le seul site sur lequel elle est implantée : elle dispense aussi ses formations à Plœmeur et Arradon, Guingamp et Saint-Brieuc, ainsi qu'à Brest et avec un projet d'ouverture à Pontivy. La ville n'en est pas non plus le siège historique, puisque l'aventure avait débuté à Tréglonou en 1986 et ce n'est qu'en 2003 que Stumdi, ses services administratifs et ses formations s'installent dans l'ancienne capitale du Léon.

Ce sont près de la moitié des 71 stagiaires ayant fait leur rentrée cet automne pour une formation longue de six mois ou pour une formation complémentaire de trois mois qui ont investi les nouveaux locaux depuis septembre. Il y en a qui sont studieux, et d'autres plus espiègles – ça se voit.

Le breton en six mois : du bonheur, mais c'est exigeant

Le slogan du moment de Stumdi propose d'amener les apprenants à la maîtrise du breton parlé et écrit en "840 heures chrono". La formule séduit les jeunes adultes, puisque 70 % des stagiaires se situent dans la tranche d'âges des 25-45 ans. 840 heures, ça paraît beaucoup, et ça peut être un peu juste quelquefois. Je connais nombre d'anciens stagiaires qu'on voit en ce moment sur les documents de promotion de Stumdi : ils s'expriment bien et même très bien en breton, c'est épatant. Mais, reconnaissons-le, on en croise aussi, volontaires certes, mais qui gagneraient à consolider ou à affiner leur apprentissage.

Si j'en juge d'après les témoignages réunis en 2016 dans l'album des trente ans, apprendre le breton en quelques mois, c'est enrichissant, c'est du bonheur et de la fierté. Mais c'est en même temps intense et très exigeant. Après, tout dépend de l'objectif qu'on se fixe, projet personnel ou insertion professionnelle.

Les demandeurs d'emploi sont suivis de près, puisqu'un service spécifique d'insertion a été mis en place à leur intention. Ils représentent 70 % des apprenants : l'organisme assure que dans les six mois qui suivent leur formation en breton (à Stumdi, apparemment, on aime beaucoup les cycles de six mois), 80 % d'entre eux réussissent à trouver un emploi ou à s'engager dans une formation diplômante. Les apprenants peuvent effectivement faire valider leurs acquis à l'université (soit à l'UBO à Brest, soit à Rennes 2) pour accéder en 2e ou 3e année de licence de breton, voire en master.

 

Stumdi 2017-10-13-7   Stumdi 2017-10-13-6

 

Une véritable PME

Stumdi est désormais une véritable PME qui, sur la base d'un chiffre d'affaires de plus d'un million d'euros, parvient à s'autofinancer à 85 %. Entre personnels administratifs (sous la direction de Claudie Malnoë) et équipe pédagogique, elle emploie 23 collaborateurs permanents, auxquels il faut ajouter nombre de formateurs occasionnels ou vacataires.

L'organisme, qui se veut à la pointe de l'innovation, vient d'obtenir son référencement par l'ensemble des financeurs de la formation professionnelle via la base de données Datadock. Il a en effet répondu avec succès à tous les indicateurs correspondant aux exigences de qualité édictées par la loi. Il vise maintenant à obtenir dès 2018 une certification qualité, ce qui serait une première dans le monde de la formation en langue bretonne.

Sur les 350 stagiaires formés chaque année, il n'y en a en réalité que la moitié qui suivent une formation longue. Stumdi propose en effet toute une panoplie de stages qui vont de la formation intensive en six mois (la plus connue) aux stages courts d'une semaine en immersion, en passant par des formations spécifiques pour les salariés de la petite enfance, autour du journalisme ou à l'écriture de scénarios. Mais il n'est pas le seul sur ce marché : il pourrait donc être confronté à des offres concurrentes sur un territoire donné. L'offre de formation ne risque-t-elle pas de devenir plus forte que la demande ?

Stumdi 2017-10-13-8  Stumdi Leclerc P-16  Stumdi 2017-10-13-10

Ils ont dit

C'était lors de l'inauguration des nouveaux locaux de Stumdi au centre Théo Le Borgne de Landerneau, le 13 octobre dernier.

  • Ronan Hirrien, président de Stumdi : "Il n'existe aucun organisme de formation équivalent dans le secteur de la langue bretonne avec un service d'orientation unique à l'intention des demandeurs d'emploi".
  • Laurence Fortin, vice-présidente chargée de l'aménagement territorial à la région Bretagne : "Stumdi est un maillon essentiel en matière de transmission du breton. La Région accompagne son développement et son professionnalisme."
  • Patrick Leclerc, maire de Landerneau : "La société doit permettre le bilinguisme. C'est un atout personnel, économique et d'appartenance."
  • Solange Creignou, conseillère déléguée à la langue bretonne, Conseil départemental du Finistère : "Le département seul ne fera rien. Les associations seules ne feront rien. Les parlementaires doivent faire bloc au niveau de l'État." Elle ajouté une belle formule en breton : "brezoneg er gêr, brezoneg e kêr" [Du breton chez soi, du breton en ville].

Stumdi 2017-10-13-13  Stumdi Clarisse Lavanant -15

  • La chanteuse Clarisse Lavanant, elle-même ancienne stagiaire à Stumdi, compose désormais la plupart de ses chansons en breton. Elle paraît ravie d'être la marraine des promotions 2017-2018. "On ne peut pas, a-t-elle assuré avec le sourire et avec conviction, et dans la nouvelle langue dont elle a fait l'acquisition, ne pas transmettre cette langue, c'est tellement agréable d'échanger en breton."
Commentaires
L
Quel plaisir d'approfondir ses connaissances de la langue bretonne lorsque la retraite venue on s'inscrit en faculté ou chez stumdi ou ailleurs !
Répondre
Le blog "langue-bretonne.org"
Le blog "langue-bretonne.org"

Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 755 782
Derniers commentaires
Archives