Elle l’a été à plus d’un titre. C’est effectivement la première fois que les prix de l’avenir de la langue bretonne ont été décernés mercredi 13 mars dans la capitale historique de la Bretagne. Maël le Guennec, le responsable des émissions en langue bretonne à France 3 Bretagne (ci-dessous à gauche sur la photo, près de Paul Molac), l’explique par le fait que l’Office public de la langue bretonne, co-organisateur des Priziou, est implanté dans les cinq départements bretons : c’est à ses yeux une initiative symbolique à tout point de vue, car il n’y a aucune raison de s’en tenir aux limites administratives.  

Présence de la langue bretonne à Nantes

Le directeur de France 3 Bretagne, Michel Dumoret, et celui de France 3 Pays de la Loire, Vincent Le Falher, ont d’ailleurs suivi la cérémonie côte à côte. Quelques jours auparavant, le 8 mars, la rédaction avait diffusé en Loire-Atlantique un débat au titre accrocheur : pourquoi l’apprentissage de la langue bretonne a-t-il autant la côte ?

Florian Le Teuff, adjoint au maire de la ville de Nantes, a déclaré pour sa part lors des Priziou que la langue bretonne y était bien vivace : on l’observe aussi dans le secteur de l’expression culturelle. Ce n’était peut-être pas le jour pour ça, mais il convient néanmoins de faire preuve de réalisme : selon les sondages, les bretonnants à Nantes et en Loire-Atlantique ne sont tout de même pas des milliers et des milliers.

La 27^e cérémonie des Priziou

Pour Maël Le Guennec, ils sont l’une des plus belles émissions que diffuse France 3 Bretagne chaque année, d’autant plus cette année à Nantes qu’elle s’est déroulée devant une assistance de plus de 300 personnes rassemblées salle Paul Fort, en plein centre-ville.

Cette 27^e cérémonie des Priziou était présentée comme depuis 2010 par Goulwena an Henaff (habillée par le styliste Pascal Jaouen), en duo depuis 2012 avec Yann-Herle Gourvès. Ce dernier n’a pas tergiversé sur la métaphore en présentant les cinq doigts de sa main comme une représentation de la Bretagne unie à cinq départements. Inutile de préciser que la moindre allusion à Nantes en Bretagne déclenchait les applaudissements de la salle.

Un prix spécial « coup de cœur » aux musiciens nantais d’EV

Ce groupe de rock celtique, ou plutôt de rock celto-finnois, s’est formé à Nantes en 1981 à l’initiative de deux Bretons et de deux frères d’origine finlandaise : on en a vu des images d’archives. Deux d’entre eux étaient présents dans la salle puisqu’ils sont toujours nantais : le bretonnant Gweltaz Adeux et le Finlandais Harri Perche qui ne connaît de breton, avoue-t-il, que les bêtises que son compère lui a apprises. Ce fut surtout un groupe de scène, un millier de concerts au compteur. Il a perduré jusqu’en 2007.

Il a toujours des fans, et des vrais, comme en a témoigné la prise de parole du journaliste Tangi Kermarec depuis les couloirs de France 3 Paris Île-de-France, dont il est le coordonnateur numérique : il a depuis sa jeunesse la collection complète des 33 tours d’EV et n’avait cessé de leur réclamer un disque live. Il a toujours un tee-shirt siglé EV qu’il est prêt à ressortir à l’occasion… d’une prochaine tournée hypothétique.

Ce prix coup de cœur n’avait pas été annoncé et il a constitué une vraie surprise. Ceci explique aussi pourquoi l’émission diffusée le 14 mars dure près d’une heure et quart et qu’elle ait été diffusée en deuxième partie de soirée un jeudi à 22 h 45, alors qu’elle trouvait place jusqu’à présent dans l’émission « Bali Breizh » du dimanche matin sur 52′.

La chanteuse et musicienne Quinquis

Ce n’est pas une Nantaise, mais une Ouessantine d’adoption que l’on a entendue lors des Priziou et dans le concert qui a suivi. Elle a un prénom, Émilie, mais se produit désormais sous son seul patronyme (photo ci-dessus et ci-dessous). Elle trouve son inspiration auprès des Bretons, qu’ils parlent la langue ou pas. Elle a choisi de faire une tournée en voilier l’été dernier, car à terre ça devient coûteux. Il est vrai que ça a du sens quand on vit soi-même sur une île.

Je chante, reconnaît-elle, des histoires qui ne sont pas amusantes, plutôt tristes et un peu glauques. Celle d’un mari qui découvre sa femme décédée près de lui. Celle des 52 marins portés disparus après l’explosion de leur navire, la Bételgeuse, dans un port irlandais, alors que l’un d’entre eux, originaire d’Ouessant, s’était promis de rentrer deux mois plus tard pour la naissance de son premier enfant. Le chant est émouvant, car les 51 autres veuves sont venues à Ouessant offrir un cadeau à la jeune maman.

Allier musique électronique et langue bretonne

Quinquis, qui a appris le breton il n’y a pas si longtemps, est chaleureuse dans son expression orale, mais elle ne m’en voudra pas de dire que son breton est parfois hésitant et pourrait gagner en expressivité. Pour ce qui est de sa musique, elle a appris de ténors de celle dite électronique. Dans le contexte des Priziou, vu de la salle, elle était un peu seule et lointaine en fond de scène à jouer de ses fils et de ses boutons, donnant l’impression d’une image fixe, ce qui valorise le son d’une certaine manière. Vue à la télé, la captation multicaméras dans un décor original imaginé près de Rennes par le collectif Zarmine, rend plus dynamique la perception qu’on en a. En tout cas, la musique électronique dont elle joue en s’exprimant en breton est tout à fait singulière. Qui eût cru que cela adviendrait ?

• Ce n’est pas tout, mais sept prix ont été décernés à l’occasion des Priziou de Nantes. À découvrir sous la forme d’échos et de photos sur ce blog.

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