Connaissez-vous l'édition du soir d'Ouest-France ? C'est bien simple, on ne peut la trouver ni dans sa boîte aux lettres (postale) ni en kiosque, comme celle du matin. Elle n'est disponible qu'en version numérique, à partir de 18 heures. Si j'en parle, c'est parce que ce soir l'un de ses articles m'a intrigué. Il y est question des Pays-Bas, dont la langue officielle est - vous vous en doutez - le néerlandais.
Mais, selon Christelle Guibert,
- aux Pays-Bas aujourd'hui tous les étudiants parlent l'anglais.
- Non seulement ça, mais dans l'enseignement supérieur, le pourcentage de matières enseignées en anglais s'élève à 80 %, en augmentation.
- Tenez-vous bien : le président d'une université d'Amsterdam fait d'ores et déjà son discours de rentrée en anglais et pronostique qu'à terme, l'anglais va devenir "notre langue de communication".
Comment en sont-ils arrivés là ? L'article de l'édition du soir d'Ouest-France pointe de multiples facteurs :
- l'internationalisation de l'enseignement et de la recherche,
- le recrutement d'enseignants anglophones,
- l'utilité de l'anglais pour attirer des étudiants étrangers,
- les films qui sont diffusés en salle ou à la télévision ne sont jamais doublés en néerlandais, mais sous-titrés (comme dans les autres pays nordiques d'ailleurs).
Un manifeste d'écrivains et de linguistes
Bref, l'académie royale commence à s'alarmer. Des écrivains, des linguistes et des scientifiques viennent de publier un manifeste. Un député s'inquiète de ce que les architectes ou les médecins ne sauront bientôt plus échanger en néerlandais avec leurs ouvriers ou leurs patients…
La journaliste d'Ouest-France fait observer que le néerlandais est une langue vivante "qui peine à garder des 28 millions de locuteurs dans le monde". Vous avez bien lu : "dans le monde" ! C'est qu'on ne le parle pas qu'aux-Bas. On le parle aussi en Belgique, et dans l'hémisphère sud. Mais il peinerait à garder ses locuteurs. Soit.
Le néerlandais fait tout de même partie des 80 langues au monde (sur environ 6 000) qui sont parlées par plus de 10 millions de locuteurs !
Les Néerlandais - ou certains d'entre eux en tout cas - n'ont sans doute pas tort de s'inquiéter du devenir de leur langue. Mais c'est une langue d'Etat, avec tout ce que ça implique. Et les processus de substitution ou de changement de langue prennent souvent bien plus de temps qu'on ne le craint, les processus de revitalisation aussi. Que diraient-ils donc à propos du breton ? Il fait partie, lui, des 1 114 langues qui, dans le monde, sont parlées par plus de 100 000 locuteurs.
Lire l'article de l'édition du soir d'Ouest-France
Pour en savoir plus : Louis-Jean Calvet. Il était une fois 7 000 langues. Paris, Fayard, 2011.
Le breton et le néerlandais ont cependant un point commun: quand on cherche à les apprendre et à entrer en contact avec les locuteurs natifs, ceux-ci s'adaptent automatiquement à la personne en face d'eux. Quand on cherche à parler breton, les bretonnants passent au francais. Aux Pays-Bas, la discussion se fait alors allemand ou anglais... (En Belgique, c'est un plus facile, puisqu'en tant que francophone, les Flamands estiment qu'on doit parler vlaams...).
Une disparition du néerlandais, j'y crois pas trop: au Suriname, la langue a connu un regain d'intérêt depuis l'indépendance. En Belgique, même chose, mais pour des raisons plus politiques. De plus, la "Nederlandse Taalsunie" (version locale de l'Ofis ar Brezoneg
Vous avez du nouveau en ce qui concerne Emgleo Breiz et Brud Nevez? J'espère que ca va être au moins possible de maintenir la revue. Trugarez evid eur respont.
A galon! Jérémy
(eus Sant Brieg e Breiz, ha Bremen er Alamagn)