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Le blog "langue-bretonne.org"
19 décembre 2015

Emgleo Breiz à la radio

Pauline Daniel - 1

Si vous étiez un auditeur assidu de Radio Rivages depuis sa création dans le Finistère en 1992, vous savez forcément qu'elle a changé d'appellation depuis le début de cette année 2015 et qu'après quelques mois de transition, elle s'appelle désormais RCF Finistère.

RCF + Finistère ? RCF, ce sont les radios catholiques de France. J'ai essayé de retrouver sur internet ce que pouvait recouvrir ce changement d'appellation : reprise en main, nouvelle ligne éditoriale, réduction de la part des programmes locaux ou régionaux ? Aucun indice.

Un article du Télégramme du 7 janvier dernier me confirme que RCF Finistère "continue" d'assurer 4 rendez-vous quotidiens d'information et qu'elle réserve toujours "une place de choix aux émissions en langue bretonne". Ouf ! Que n'aurait-on – peut-être - pas dit, si ce n'avait pas été le cas ?

Pour ce qui est des programmes en breton, la transition a coïncidé avec le départ de Kristian Le Braz, qui les assurait depuis plusieurs années : les mises à jour n'ont d'ailleurs pas été faites partout, puisque son nom figure toujours sur la page dédiée de Radio Breizh (le site qui réunit les radios en langue bretonne ou bilingues, en dehors du service public).

RCF Rivages

Et depuis, c'est Pauline Daniel qui est à l'antenne. Elle anime toujours deux émissions hebdomadaires : l'une d'une heure le mardi et l'autre d'une demi-heure le samedi. Tous les mardis, elle présente à 19 heures 30 un magazine d'une heure, qui s'intitule toujours "Buhez" [La vie]. L'intérêt de son émission est qu'on peut la réécouter le samedi matin à 9 heures, puis en podcast. Que vous vous intéressiez à La Villemarqué ou à la Station biologique de Roscoff ou à de multiples autres thématiques, vous pouvez toujours y accéder. Et le samedi, elle anime à 18 heures 30 une émission de 30' consacrée à l'actualité culturelle. Il faut y ajouter le rendez-vous de Job an Irien, "Muzikou santel or bro" [Musiques saintes de Bretagne], le lundi à 20 heures.

J'ai fait la connaissance de Pauline Daniel lorsqu'elle est venue à ma rencontre à l'occasion du Festival du livre de Carhaix, ou plus exactement sur le trajet de la manifestation qui avait lieu ce jour-là pour revendiquer une nouvelle fois la ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires – ce qui, de fait, ne devrait jamais se faire. Nous avions prévu de nous recontacter pour convenir d'un rendez-vous et du thème de l'émission.

Pauline ne pouvait pas savoir à ce moment-là qu'Emgleo Breiz allait être placé quelques jours plus tard en liquidation judiciaire. Actualité oblige, c'est de cela dont elle s'est entretenue avec moi-même, ainsi qu'avec Naig Daouphars, la secrétaire générale d'Emgleo Breiz, et avec Maïwenn Morvan, auteure d'un joli petit roman en forme de blog intitulé "Buhez prevez Lola P." [La vie privée de Lola P.], que nous avons publié.

Ce qu'elle a considéré comme "la fin d'une belle aventure" est à réécouter désormais en podcast sur : https://rcf.fr/actualite/social/emgleo-breiz-la-fin-dune-belle-aventure

PS à la date du 22 décembre. Pauline Daniel me fait observer que c'est le lundi à 19h30 qu'est diffusée son autre émission, "Lenn, son ha c'hoari" sur RCF29. Vérification faite sur la grille des programmes, c'est bien le cas. Mais elle y figure également le samedi à 18h30. Elle bénéficie peut-être d'une rediffusion ?

Commentaires
D
Je vous ai lu avec attention, je vous ai écouté chez Pauline DANIEL et je vais vous réécouter, ainsi que Naïg DAOUPHARS. Je ne peux m'empêcher de son songer à la librairie et plus particulièrement à ce qu'on appelle "la chaîne du livre". La plupart des gens pensent que les libraires ont des rapports avec les éditeurs. C'est faux. Les libraires ont des relations avec des groupes de Distribution. Ils n'ont strictement aucun rapport avec Gallimard, Lattès ou je ne sais qui. Il faut bien comprendre qu'il y a : l'auteur, puis l'éditeur, puis une société de Diffusion (pour les représentants qui visitent les libraires et proposent leur catalogue qui comprend plusieurs maisons d'éditions) et puis il y a les sociétés de distribution (qui envoient aux libraires les cartons) et enfin le libraire. Je pense que c'est surtout à partir des années 80 que s'est opéré un changement radical dans la méthode de diffusion, de distribution du Livre en France. D'ailleurs Jack LANG l'avait bien compris à son époque puisqu'il a permis d'obtenir la loi qui porte son nom et qui permet d'avoir le livre au même prix partout dans l'hexagone. Bien sûr, c'est différent pour les toutes petites maisons d'éditions. Si on prend le cas de Rougerie, le vieux René, qui demeure pour moi le plus grand éditeur de poésies que j'ai connu, avait choisi d'aller visiter les librairies lui-même. Pas de diffuseur donc, pas de distributeur. Il envoyait les colis lui-même. Il me semble cher Fanch, qu'en matière de Livre, on prend toujours le problème à l'envers et j'ai volontairement commencé ma théorie en expliquant qu'il y avait l'auteur, l'éditeur, etc... Mais il faut saisir le "penn-bazh" par l'autre bout : il y a d'abord le libraire, et dans la librairie il y a des livres. Très bien. Comment les livres arrivent chez le libraire qui est d'abord un commerçant. Je répétais souvent à mes nombreux stagiaires que: "Ca pourrait être des patates, c'est pareil. Il faut arriver avant l'ouverture du magasin, ranger, nettoyer, présenter, conseiller, vendre, effectuer la comptabilité, commander pour les clients, effectuer le réassort, retourner les livres (ce qui demande un temps fou), gérer, encaisser, réceptionner les colis qui puent la pisse et le mauvais vin, vérifier les bons de livraison, les bons de commande, enregistrer, étiqueter, mettre en rayon, téléphoner aux groupes de distribution pour connaître la raison pour laquelle l'ouvrage que vous avez commandé n'est pas arrivé, pourquoi la remise que vous aviez n'est pas la même, pourquoi dans le retour que vous avez réalisé il y a un mois, trois des livres renvoyés ne sont pas comptabilisés, etc... et puis le soir, il faut fermer après le départ du dernier client, faire la caisse, nettoyer et passer la serpillière surtout lorsqu'un de vos clients a marché dans la merde et qu'il en a semé dans tout le magasin, puis déposer la recette du jour à la banque, avant de rentrer chez vous" Et je rajoutais souvent, un peu par provocation, je l'avoue humblement : "Le métier de libraire, c'est le cutter dans la main et le carton dans l'autre !", histoire de remettre les gens à l'endroit parce que la plupart planait à cent miles en pensant qu'ils allaient lire toute la journée. Les grands groupes de distribution sont de véritables machines de guerre commercial, ils sont là, pour vous en coller le plus possible : Hachette, Interforum, Sodis, etc... Vous ne pouvez pas y échapper si vous souhaitez avoir une offre conséquente, mais il est, à mon avis, impératif de se diversifier et de permettre aux petits éditeurs d'être présents, qu'ils soient en langue bretonne ou en langue française ou autres. Il faut donc visiter les libraires. C'est ce que faisait la Coop Breizh à mon époque, et le fils de Gweltaz AR FUR. Je suis bien placé pour savoir qu'une association fut-ce t-elle importante, a bien du mal à se payer un représentant pour aller dans toutes les librairies. Mais c'était le seul moyen à la fin des années 90. Depuis Internet a bouleversé la donne et continue à le faire. Mais il faut également des lecteurs, un public, des clients. Vous pouvez acheter 10 livres du même auteur, si c'est pour en vendre un et retourner les 9 autres, ça coûte non seulement une fortune au libraire, financièrement, mais également en temps. Et le libraire manque cruellement de temps. Moins il retourne, mieux il se porte. Il faut donc acheter au mieux des intérêts du commerçant. C'est ce qu'il y a de plus intéressant à réaliser et de plus difficile aussi. Lorsqu'on a pignon sur rue et une clientèle établie, on peut anticiper les achats des uns et des autres et proposer. Mais c'est totalement insuffisant. Pour le sujet qui nous occupe, il est évident que les gens lisent peu. Mais ceux qui lisent, lisent beaucoup. Enormément. C'est donc un noyau dur, un quarteron de lecteurs, d'acheteurs, de clients qui sont toujours les mêmes. Je vais vous faire un aveu et même s'il m'en coûte de le faire : je suis un très gros lecteur, vous l'aurez bien compris. Un véritable rat de bibliothèques en tous genres. J'ai même l'habitude de dire que contrairement à nos compatriotes qui lorsqu'ils louent ou achètent un logement, ils regardent où sont situés les commerces de proximité, moi je cherche où est la bibliothèque la plus proche. Et puis aussi parce que je fus libraire durant dix ans dans quatre librairies différentes, que ce soit des magasins de détail ou en grande distribution et que j'ai adoré ça, j'ai beaucoup lu. Et surtout parce que c'est mon loisir préféré. Et bien je n'achète plus de livres. Je vends même tous les miens. Autrefois je voulais posséder la plus grande bibliothèque du monde. J'y ai renoncé, faute de place et surtout d'argent. Je n'ai plus les moyens de mon désir. De mon envie. J'ai du cesser mon abonnement à Al Liamm, celui des Cahiers Bleus de Skol Vreiz, celui à Breman et d'autres. Je n'achète des livres que pour les offrir. Faute d'argent. Car il est bien là aussi le bât qui blesse, je suis pauvre comme Job. Mon pouvoir d'achats s'est littéralement cassé la gueule. Mais comme bon nombre de nos compatriotes. Et j'ai un abonnement pour le PC, la télé, le téléphone mobile, un véhicule et donc mes dépenses se sont multipliées quelque part, même si je suis très radin, faute d'argent. Je ne suis absolument pas un exemple en la matière. Pour ma vieille mammig qui vient d'atteindre 89 ans et pour Noël, comme elle est lectrice redoutable, j'ai voulu choisir deux livres, et je me suis retrouvé avec des dilemmes parce que tout à coup, j'ai eu envie d'acheter quatre, cinq, six ouvrages... Et puis j'ai lu la revue "Le matricule des anges" avec un excellent dossier sur Raymond CARVER et j'ai eu envie de lire sa biographie et tous ces livres. Et d'autres. La folie totale. Mais non, je suis resté raisonnable, j'en ai choisi deux.Et j'ai indiqué la bio de CARVER à la médiathèque de chez moi en espérant qu'il l'achète afin que je puis la louer un jour prochain... Mais c'est vrai, je ne suis pas obligé d'aller dans une librairie, je peux commander en ligne et je dois dire que j'aime beaucoup faire ça, parce que pour quelqu'un de ma génération c'est très drôle à faire, très amusant à réaliser. Mais en réalité, ce que je fais c'est que visionne sur différents sites avant de me rendre dans la librairie de mon choix, d'abord parce que je n'ai pas confiance dans les paiements sur Internet et puis parce que je suis un vieux de la vieille, j'aime toucher, sentir l'odeur du papier, voir les couvertures, la typographie, etc... Je m'emporte et m'emmêle dans mon discours car je vois souvent des maisons d'éditions qui se créent, mais la question à se poser avant de publier, c'est comment je vais le vendre. Moi-même, j'ai songé à monter une structure, très bien, mais il faut les vendre les bouquins. Il faut aller visiter les librairies. Et ça c'est l'enjeu majeur de toutes les maisons d'éditions qu'elles soient bretonnes ou pas. Et puis le Net. La diffusion par le Web est désormais vitale, indispensable même Je me souviens également que lorsque j'étais Instit bilingue (oui, je sais, j'en ai fait des trucs !) on proposait "Louarnig", mais toutes les familles ne s'y abonnaient pas, alors que ça devrait être systématique, obligatoire, vitale même. Et aujourd'hui "Ya" et le travail remarquable de Yann-Fanch JACQ, devrait réaliser un Chiffre d'Affaires - et je fais exprès de le l'indiquer de cette façon - bien plus important. Il devrait avoir un nombre d'abonnés beaucoup plus conséquent. Ou je vais le dire d'une autre façon, j'en ai marre de voir des bretonnants devenir profs !... je veux des bretonnants PDG, gérants, directeurs, ingénieurs, commerciaux, médecins, avocats, secrétaires, caissières, chefs de rayons, ouvriers, etc... Je pense que petit à petit ça sera le cas, mais c'est long, très long même. Et pourtant je vois bien le frémissement de la société, les trentenaires que j'ai vus dernièrement, issus pour la plupart de Diwan, sont plutôt performants et même si ça me renvoie à mon grand âge, et au fait qu'ils seront toujours bien plus bretonnants que je ne le serais jamais, ça réjouit mon coeur et mon esprit. Ils sont désormais dans la toute puissance de leurs âges et je ne doute pas un instant qu'ils font évoluer l'Emsav, vers quelque chose de plus fort et de plus puissant. Puissent-ils lire encore et toujours... Bien à vous. Emmanuel
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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