Il n'est que temps que je donne ici quelques échos du colloque qui s'est déroulé les 3 et 4 décembre derniers à la Sorbonne : pendant deux jours, on y a traité des langues régionales dans l'amphithéâtre Louis Liard, l'un des plus beaux de Paris (voir message du 12 novembre).
En fait, ce n'était pas la première fois qu'on abordait la question des langues régionales en ce lieu sous le regard de celui que l'histoire considère comme "l'homme rouge", le cardinal duc de Richelieu, figé en son tableau. Un premier colloque y avait déjà eu lieu il y a dix ans, juste avant que n'éclatent les débats et polémiques sur la signature par la France de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, qui n'a pas été ratifiée depuis, comme chacun sait.

C'est la même équipe de l'Université Paris Descartes, constituée de Christos Clairis, Denis Costaouec et Jean-Baptiste Coyos, qui organisait le nouveau colloque. Cette fois, ce sont surtout des experts et des hommes et femmes de terrain qui avaient été invités à s'exprimer, ce qui lui donnait une tonalité inhabituelle dans ce type de manifestation, les organisateurs qualifiant effectivement les associations d'une expression qui a beaucoup plu : les ONG des langues régionales. Si de ce fait les témoignages ont sans doute primé sur l'analyse, leur diversité n'en fournit pas moins un indicateur utile sur la manière dont les différents acteurs prennent en compte actuellement la question des langues régionales.

Plusieurs thématiques ont été abordées :
-    les langues régionales sont-elles l'affaire de l'État ou celle des régions ?
-    quel rôle jouent les associations dans les politiques en faveur des langues régionales ?
-    maintenant que la Constitution reconnaît les langues régionales comme patrimoine de la France, peut-on se passer de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires ?
-    les médias et la presse en langues régionales : quels enjeux ?

La conférence inaugurale a été prononcée par Xavier North, Délégué général à la langue française et aux langues de France : il s'est attaché à fournir des repères sur les aspects historiques et constitutionnels de la question des langues en France, tout en analysant le paradoxe d'un pays qui a le culte de la langue unique contre l'évidence d'un plurilinguisme de fait.
Sur le cadre constitutionnel et légal, les interventions du Professeur Carcassonne et de Véronique Bertile, Maître de conférences à Bordeaux, ont été particulièrement brillantes.
Marie Salaün a traité avec une grande finesse des questions posées par l'enseignement des langues kanak en Nouvelle-Calédonie.
Cinq interventions ont été consacrées aux médias diffusés dans l'une ou l'autre des langues de France : presse écrite, radio, télévision, multimédia. J'ai moi-même présenté une communication sur la place de la langue bretonne dans les médias diffusés en Bretagne, en faisant référence au contexte sociolinguistique de la pratique sociale du breton.

Les organisateurs ont déjà pris date pour un 3e colloque en 2019 : bravo ! Mais d'ici là, les actes de celui-ci devraient avoir été publiés dès le premier semestre 2010. Ceux du premier colloque sont parus en 1999 sous le titre "Langues et cultures régionales de France. État des lieux, enseignement, politiques" dans la collection "Logiques sociales", aux éditions L'Harmattan.
Dans l'album photos du colloque, présenté sur ce blog, je présente succinctement (d’après mes notes, cela va sans dire) les thématiques abordées par chacun des intervenants.