À Lanvollon : quand il était de parler breton à l’école
Les communes de Lanvollon et Plouha disposent d’un bel outil culturel au moulin de Blanchardeau, lequel n’est pas situé en centre-ville comme c’est généralement le cas, mais à quelques centaines de mètres au fond d’une vallée. Ce bâtiment, antérieur à la Révolution, est également le siège de la communauté de communes et de ses services. Il est facile de se garer. C’est dans l’auditorium du moulin que l’UTL (Université du temps libre) accueille les conférences qu’elle organise deux fois par mois (hors vacances scolaires), soit pas moins de 18 conférences sur l’année.
Le président Daniel Le Chevillier m’avait invité à y intervenir, le 23 avril dernier, sur une question qui intéresse beaucoup les adhérents des UTL, puisque nombre d’entre eux ont bien connu cette période : l’interdiction de parler le breton à l’école. Quelque 130 personnes s’étaient déplacées, et il a fallu ajouter des chaises en haut de l’auditorium.
Quand je leur ai demandé qui parlait breton dans l’assistance, une trentaine a levé la main, dont le trésorier de l’UTL Arsène Savidan, qui, ayant fait une grande partie de sa carrière hors de Bretagne, maîtrise toujours bien le breton. Une dizaine se souvenait d’avoir été punie pour ce motif. Au cours de la discussion, j’ai noté aussi une réelle sensibilité à la question de la limite linguistique : il est vrai que le pays gallo n’est pas bien éloigné de Lanvollon.
Ma conférence se proposait de faire le point sur une histoire mal connue et qui a suscité pas mal de débats et de polémiques : l'interdit de la langue première (autrement dit, la langue maternelle) à l'école. Mais c'est la cour de récréation plus que la classe qui apparaît comme le lieu stratégique où les élèves devaient se surveiller eux-mêmes et repérer celui qui parlait le breton pour lui remettre le symbole ou la vache. Ces pratiques sont attestées en Basse-Bretagne depuis les années 1830 jusque vers 1960, soit pendant près d’un siècle et demi.
Prochaine intervention sur le même sujet : à l’UTL de Quimper, le 7 juin prochain, au Cinéville.