Rétropédalage du Parti Breton sur l’inhumation de Jean-Marie Le Pen à La Trinité-sur-Mer
Quelques mots encore sur ce microparti, à l’occasion du décès du leader de l’extrême droite en France, fondateur du Front National, que sa fille Marine regrette désormais de l’en avoir exclu. À l’annonce de son décès, le Parti Breton avait diffusé un communiqué sur le site de l’Agence Bretagne Presse (ABP), demandant à sa famille de ne pas l’inhumer en Bretagne – alors qu’il était né à La Trinité-sur-Mer - « par respect pour le peuple breton » (voir message du 11 janvier sur ce blog).
Dimanche 12 janvier, le communiqué était retiré du site de l’ABP, comme je l’ai indiqué par une mise à jour dès hier soir. J’ai appris de source bien informée que c’est à la demande du Parti Breton lui-même que cela a été fait : c’est admettre que l’on a commis une bourde invraisemblable. Le microparti n’est pas allé toutefois jusqu’à retirer son texte de son propre site. Mais il ne conteste plus le droit de tout un chacun à être inhumé dans sa commune d’origine ou là où il le voudrait, puisque ses obsèques ont eu lieu samedi à La Trinité-sur-Mer. Les critiques qu’il formule à l’égard de Jean-Marie Le Pen restent les mêmes.
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Le communiqué a cependant été modifié sur deux points.
Le titre tout d’abord.
Dans la version initiale, il était écrit que :
« Le Parti Breton demande à la famille de Jean Le Pen, plus connu sous le nom Jean-Marie Le Pen, de ne pas l’inhumer en Bretagne, par respect pour le peuple breton. »
Dans la nouvelle version, cela devient :
« Le Parti Breton s’étonne du souhait de Jean-Marie Le Pen d’être inhumé en Bretagne, après des années à critiquer son peuple. »
Il y a une contradiction flagrante entre les deux versions : dans la première, le Parti Breton appelait sa famille à ne pas l’inhumer ici « par respect pour le peuple breton », signifiant par là qu’il s’en était exclu. Dans la deuxième, il l’y est réintégré puisqu’on parle du peuple breton comme étant « son peuple ». Avec une réserve de taille : en lui contestant le droit de critiquer son propre peuple, alors que c’est après tout un droit élémentaire.
Le dernier paragraphe ensuite.
Initialement, il était ainsi rédigé :
« Vivant comme mort, Jean Le Pen n’est donc pas le bienvenu en Bretagne. Si sa famille veut prouver son respect envers la Bretagne et les Bretons, qu’elle l’inhume en France, dans son manoir de “Montretout” près de Paris. Cela correspondra mieux à ce qu’aura été sa vie. »
La nouvelle rédaction de ce dernier paragraphe est désormais formulée :
« Jean Le Pen n’a d’ailleurs jamais caché son mépris pour les Bretons. À ce sujet, ses déclarations lénifiantes sur la Bretagne ces dernières années, ne doivent pas faire illusion. Sa vie, qu’il aura passé [sic] en plus grande partie dans son manoir de “Montretout” près de Paris, et ses actes sont là pour prouver sa brittophobie. Le Parti Breton souhaite qu’il repose en paix, mais surtout que les Bretons ne subissent pas les conflits importés autour de sa mémoire. »
Une versatilité qui ne contribue pas à sa crédibilité
Le microparti tente d’infléchir sa position en souhaitant enfin « qu’il [Jean-Marie Le Pen] repose en paix », sans se rendre compte qu’il a lui-même généré des conflits autour de sa mémoire à partir d’une grille de lecture qui est loin d’être partagée. Il suffit de lire les commentaires sur les réseaux.
La versatilité du Parti Breton ne contribue pas à sa crédibilité. Alors qu’il a été créé en 2000, de nombreux points de son programme politique sont toujours en cours de mise à jour, en particulier dans le domaine de la culture bretonne. Curieusement, rien n’est annoncé concernant la langue bretonne. Il se dit nationaliste (breton), ce qui se devine aisément. Il se dit également de gauche et de droite, mais ça ne lui réussit pas comme à un certain président de la République : ses résultats aux élections sont bien médiocres.