Mis à jour ce dimanche 12 janvier à 16h37.

Vérification faite, le communiqué du Parti breton dont il est ici question a été retiré et n'apparaît plus sur site de l'ABP. Il a bien été mis en ligne le 8 janvier, comme en témoigne la capture d'écran ci-dessus. Il me paraît néanmoins nécessaire de maintenir sur ce blog le texte tel que je l'avais initialement posté. Entretemps les obsèques de Jean-Marie Le Pen ont eu lieu samedi 11 janvier à La Trinité-sur-Mer.

Les motivations du Parti Breton

Combien peut-il y avoir de Bretons à connaître le microparti que paraît être le Parti Breton ? Dans un communiqué sur le site d’ABP (Agence Bretagne Presse), il s’exprimait en tout cas le 8 janvier dernier comme un vrai faux jeton en présentant ses condoléances à la famille de Jean-Marie Le Pen, fondateur en 1972 du Front national, le parti d’extrême droite devenu entretemps le Rassemblement national.

Il le fait avant de revendiquer… qu’il ne soit pas inhumé à La Trinité-sur-Mer, commune présentée comme étant celle de sa résidence secondaire, alors qu’elle est d’abord celle de sa naissance. Mais comment interdire que telle ou telle personne, quelle qu’ait été son parcours, soit enterré dans sa commune d’origine ?  Peine perdue en effet : les obsèques de Jean-Marie Le Pen auront bien lieu dans l’intimité familiale à l’église de La Trinité-sur-Mer ce samedi 11 janvier, avant qu’il ne soit inhumé dans le caveau familial, au cimetière. Le Télégramme du jour détaille toutes les dispositions et mesures de précaution édictées par la Préfecture du Morbihan et par la commune.

Quelles sont donc les raisons pour lesquelles le Parti Breton s’autorise à formuler une telle exigence ? Il y en a deux, apparemment. L’une est qu’il se serait « mis au service de l’extrême droite bleu-blanc-rouge. » Cette assertion est historiquement inexacte, car il en a été bien plus que cela, le fondateur, le promoteur et le leader du FN pendant des dizaines d’années. Elle est par ailleurs ambiguë, car elle laisse entendre que, s’il s’était mis au service d’une extrême droite gwenn-ha-du, il aurait été une personnalité tout à fait fréquentable en Bretagne ?

Où se situe donc La Trinité-sur-Mer ? 

L’autre reproche que fait le Parti Breton à Jean-Marie Le Pen est qu’il « quitta son pays d’origine dès qu’il le put à 17 ans pour s’installer en France. » Je me doute bien que le microparti ne fait pas ici allusion à la chanson de Léo Ferré, selon laquelle « on n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans… » Je ne pense pas non plus que Jean-Marie Le Pen ait eu l’impression de changer de pays en quittant La Trinité-sur-Mer, qui est aussi en France jusqu’à plus ample informé, pour aller vivre ailleurs qu’en Bretagne.

La Bretagne peut certes être perçue comme un pays. Mais ce terme "pays" est polysémique. Comme tout un chacun le sait, le Parti national Breton n’a pas réussi pour quantité de raisons, dont la forte hostilité de la population bretonne à son égard, à en faire un État-nation indépendant dans les années 1940. Le but que se fixe le Parti Breton aujourd’hui est de « réveiller la conscience nationale du peuple breton [pour qu’il devienne] une entité internationalement reconnue. » Il ne précise pas à quelle échéance.

Nombre de commentaires divers et variés ont été publiés sur le site ABP concernant ce communiqué du Parti Breton, en général sous pseudonyme. Penn Kaled [L’entêté] fait remarquer pour sa part que Jean-Marie Le Pen

• « avait certaines affinités avec des membres de l’extrême droite bretonne, dont certains membres étaient également des nostalgiques de l’Algérie française. Malgré l’antagonisme entre le nationalisme breton et français, les proximités idéologiques quelque part l’emportaient, au point que je ne serais pas surpris que aujourd’hui (sic) des personnes proches du mouvement breton votent pour le RN. »