Depuis un peu plus de six mois, la journaliste Anna Quéré et Dewi Siberil se relayent d'une semaine à l'autre pour animer d'une plume alerte la page en breton du jeudi dans Le Télégramme et proposer à leurs lecteurs des portraits de bretonnants, reportages et interviews. Ce qui est bien justement, c'est que le traitement n'est pas toujours le même. Leur papier ne parle pas de l'actualité la plus chaude – à un rythme hebdomadaire ce ne serait pas facile –, mais il n'en est pas forcément déconnecté, comme au début de l'année cette rencontre avec une Lorientaise s'impliquant dans l'accueil de réfugiés.
Il y a quinze jours, Anna Quéré annonçait l'arrivée d'une nouvelle et jeune comédienne dans Strollad Ar Vro bagan, Thyfaine Corre, et confirmait du même coup le départ à la retraite du célèbre Goulc'han Kervella, le dramaturge, metteur en scène et comédien de la troupe. Ce qui ne veut pas dire qu'il est inerte depuis.
Ce jeudi, elle est allée à la rencontre de Franck Bodenes, un Brestois pur jus, de Lambézellec pour être précis, que je connais bien pour avoir édité avec Emgleo Breiz trois des livres qu'il a publiés à ce jour. Mais il ne va pas s'arrêter là, puisqu'un nouveau titre est annoncé prochainement, chez Skol Vreizh.
En fait, je ne savais pas tout de cet homme sensible et sympathique, dont le breton – tout à fait de couleur léonarde, mais ce n'est assurément pas un défaut - est épatant comme rarement. Dans sa jeunesse, il n'avait jamais spécialement prêté attention au fait que ses parents et grands-parents échangeaient entre eux en breton, sans l'ignorer pour autant. Un classique : c'est loin de chez lui, en Picardie, où il venait d'obtenir son premier poste d'enseignant, qu'il décide de l'apprendre, par nostalgie.
Aujourd'hui, Franck Bodenes propose des visites guidées de Brest, de ses quartiers, de leur passé industriel : et il le fait avec le souci que le breton perdure comme langue vivante. Bonus : il alimente quotidiennement sa page Facebook : "Digor an nor. Breton, langue ouverte". Tout un programme, d'autant que "Digor an nor" veut dire "ouvre la porte".
À lire en page 40 du Télégramme de ce jeudi, version papier, ou en ligne sur le site internet