C'est la question que je me suis posée en lisant – avec un décalage d'une dizaine de jours, je le reconnais – un article sur le club des "Marseillais de Paris". Cela fait un peu plus de vingt ans qu'ils l'ont créé. N'y entre pas qui veut : il faut être né à Marseille, être "monté à la capitale", être coopté, avec quelques tolérances apparemment. Disposer à Marseille d'un pied-dans-l’eau là où il faut, sur la côte, est un atout.

C'est la diaspora aisée qui s'y retrouve, et elle paraît avoir ses préférences en politique. Son objectif clairement affiché : faire changer le regard des Parisiens, et accessoirement celui des investisseurs américains, sur cette bonne ville de Marseille et battre en brèche les clichés vrais ou faux dont on l'affuble. En trois mots seulement : les adhérents ne s'impliquent que dans "un travail de soft power" et s'ils s'y retrouvent, c'est bien pour "réseauter en douceur."

L'article est paru dans le numéro du 15 février de M – Le magazine du Monde, sous la signature de Lisa Vignoli. Ce qu'il nous apprend aussi, c'est que les Marseillais de Paris sont vraiment suspicieux, et jaloux de surcroît. Ils se méfient des Auvergnats et ne veulent surtout pas partager avec eux leurs secrets de lobbying : "j’aurais bien trop peur [qu'ils] nous les prennent" (sic). Les Corréziens n'ont pas la cote non plus en ce moment : trop "puissants".

Quant aux Bretons, faut-il en parler ? À Paris, ils sont tout simplement "incontournables." La référence, en quelque sorte. Comme eux, les vrais Marseillais estiment "qu'on n'est jamais de Paris" : eux aussi y sont "par obligation plus que par choix". Chez eux enfin, "comme chez les Bretons, il y a un fort sentiment d'appartenance." Les Bretons comme caution, finalement. Reste à procéder à un comparatif que personne n'a encore jamais fait : maîtrisent-ils le soft power aussi bien que les Marseillais ?