C'est fou comme on se plaît à user d'un mix d'anglais et de breton dès qu'il faut parler de la Bretagne à l'extérieur. Après la Breizh touch, voici en effet le Breizh power. Et, c'est, s'il vous plaît, à la une de "M, le magazine du Monde" de ce week-end. Dès que je l'ai vu ce matin (oui, au bout du monde où je me trouve, le quotidien ne parvient que le lendemain, une vingtaine d'heures après sa sortie à Paris), je me suis dit que c'était un effet de journaliste. Pas du tout. C'est Jean-Jacques Urvoas, le député PS du Finistère et président de la commission des lois à l'Assemblée, qui brandit l'expression comme un drapeau.
De fait, le journaliste, Christian Roudaut, ancien correspondant de France Inter à Londres, comptabilise maintenant cinq ministres bretons au gouvernement, alors qu'il n'y en avait aucun du temps de Sarkozy. Il y parvient en ajoutant l'ancien maire de Nantes à ceux qui sont des élus de la région Bretagne et à ceux qui sont nés en Bretagne. Il fait également remarquer que les 21 députés socialistes bretons pourraient à eux seuls constituer un groupe parlementaire : s'il n'en pas question, ils ont du moins mis au point "une stratégie collective" pour la défense des intérêts bretons.
Tout l'article veut faire croire à une sorte d'union nationale de tous ceux qui, en Bretagne ou Bretons de Paris, ont une capacité de décision ou d'influence, qu'ils soient élus, grands patrons, avocats, journalistes, pour contrer "le jacobinisme". Cet unanimisme est-il vraiment de mise ? Il aurait suffi de creuser un peu pour percevoir plus que des nuances entre les uns et les autres. Heureusement qu'il y a toujours le preux chevalier Patrick Le Lay pour croire en la nation celtique et pour dénoncer les socialistes comme étant les pires des jacobins !
L'article de Christian Roudaut, cela se voit, n'est écrit que de Paris, et assez impressionniste quand même. Les dessins d'Alessandro Gottardo font flotter le gwenn-ha-du sur l'Élysée et habillent Marianne d'une coiffe bigoudène.