Le web peut-il sauver la langue bretonne ? L'info qui va surprendre le plus lors de cette rentrée est le lancement annoncé de Brezhoweb comme une véritable chaîne de télévision, le 12 octobre prochain. Le dossier de presse le dit bien : les Gallois, les Catalans, les Basques l'ont fait, les Bretons en rêvaient… Ils vont le faire à leur tour : "un vieux rêve devenu réalité". Comment est-ce tout à coup possible ?
Tout simplement parce que Brezhoweb vient d'être conventionné par le CSA comme une chaîne de télévision à part entière. Brezhoweb a été créé en 2006 à l'initiative de Lionel Buannic (qui venait de quitter TV Breizh) et proposait depuis de la vidéo à la demande et un talk-show mensuel : le fameux Webnoz, diffusé s'il vous plaît en direct, en public et en prime-time. D'ici quelques jours, Brezhoweb va donc proposer tous les jours un programme en continu, de 18 heures à 22 heures 30, ce qui représente tout de même 4 heures et demie d'antenne quotidienne. Brezhoweb met donc en place une grille de programmes, comme toute chaîne qui se respecte.

La première chaîne de télé exclusivement en langue bretonne
Ses promoteurs se rendent bien compte des défis auxquels ils sont confrontés :
-    un public réstreint, puisque le nombre de locuteurs est réduit, et très réduit même pour ce qui est des enfants et des jeunes. Mais "il est primordial d'assurer une offre de programmes en langue bretonne, si l'on veut que la langue se développe".
-    le problème du financement : "il est aujourd'hui impossible d'imaginer une télévision en langue bretonne exclusivement financée par la publicité." On s'en doutait.
-    imaginer une offre de programmes originaux et créatifs. Brezhoweb cible donc clairement sa programmation en fonction de catégories précises de téléspectateurs : jeune public, jeunes adultes ou grand public.
Bien que diffusée uniquement sur internet, Brezhoweb se veut désormais une télévision de plein exercice et se considère à juste titre comme la première chaîne de télévision en langue bretonne. C'est innovant, et c'est surtout un énorme pari. Car la grille ne sera essentiellement constituée au départ que des 60 heures de programmes frais produits dans l'année.
Comme il ne peut compter que modérément sur la publicité et sur des parrainages ponctuels, la chaîne de Lionel Buannic va bénéficier du soutien des partenaires institutionnels incontournables : la région Bretagne, les Conseils généraux du Finistère, des Côtes d'Armor et du Morbihan. "Sans soutien public, déclare-t-il dans une interview qu'il a accordée à la revue Brud Nevez, il ne peut y avoir de breton à la télévision." Le budget annuel est de 260 000 €, ce qui "impose une rigueur économique absolue".

Lancement officiel le 12 octobre
Le fait d'avoir été conventionné par le CSA devrait cependant faciliter le lancement de projets par des producteurs qui pourront bénéficier des aides habituelles à cet effet. Il n'en reste pas moins que des éclaircissements sont apparemment attendus par les professionnels en ce moment, concernant justement les aides qui peuvent être attribuées par le Conseil régional de Bretagne pour la production en langue bretonne dans le cadre du FACCA et du FALB.
Reste pour Brezhoweb un autre enjeu qui n'est pas mineur : celui de l'audience. Tout le monde ne regarde pas la télé sur son ordinateur. Bien sûr, on peut connecter l'ordinateur à la télé. On pourra même, si l'on veut, regarder la télé en breton… sur son iPhone. Encore faudra-t-il le faire.
Le lancement officiel de Brezhoweb en tant que "première chaîne de télé 100 % en langue bretonne" aura lieu à Rennes, à la Région Bretagne, le 12 octobre.
Site web : www.brezhoweb.com
Pour en savoir plus, si vous lisez le breton :
- une interview de Lionel Buannic dans le numéro 282 de la revue Brud Nevez qui vient de paraître, sous le titre : "Eur jadenn a zo ganet".
- un article dans le numéro d'octobre du magazine Armor, actuellement en kiosque.
- un dossier dans le dernier numéro du journal Bremañ.